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ACTE I, SCÈNE II. 545

El moi tMre réduit à attendre ici de ses bontés ce que je devrais ne tenir que de la nature. Demander quelque chose à son frère aîné, c’est là le coml)le des disj^ràces.

P A s Q 1 1 X.

Vous parlez comme un philosophie (|ui n’a pas dîné. Je ne connais pas monsieur le comte, mais il me semble que je viens de voir arriver ici M. Maraudin, votre ami et le sien.

LE CHKVALIEK.

Et celui du baron, et celui de tout le monde.

PASQUIN.

Cet homme qui noue plus d’intrii, ’ues qu’il n’en peut débrouiller, ([ui lait des mariaires et des divorces, qui prête, (pii em|)runte, qui donne, qui vole, (|ui fournit des maîtresses aux jeunes gen ::^, des amants aux jeunes femmes, <|ui se rend redouté et nécessaire dans toutes les maisons, qui fait tout, qui est partout, il n’est pas encore pendu. Profitez du temps, parlez-lui ; cet homme-lii vous tirera d’affaire.

LE CHEVALIER.

Non, non, Pastiuin, ces gens-là ne sont bons que pour les riches ; ce sont les parasites de la société. Ils servent ceux dont ils ont besoin, et non pas ceux qui ont besoin deux, et leur vie n’est utile qu’à eux-mêmes.

P A s Q L I N.

Pardonnez-moi, pardonnez-moi, les fripons sont assez serviables. M. Maraudin se mêlerait peut-être de vos affaires pour avoir le plaisir de s’en mêler : un fripon aime à la fin l’intrigue pour l’intrigue même. Il est actif, vigilant ; il rend service vivement avec un très-mauvais cœur, tandis que les honnêtes gens qui ont le meilleur cœur du monde vous plaignent avec indolence, vous laissent dans la misère, et vous ferment la porte au nez.

LE CHEVALIER.

Hélas ! je ne connais guère (jue de ces honnêtes gens-là, et j’ai grand’- pour que monsieur mon frère ne soit un très-honnête homme.

p A s Q c I \.

Voilà M. Maraudin, qui n’a pas tant de probité peut-être, mais (pii pourra vous être utile.

SCÈNE II. LE CHEVALIER, MARAUDIN, PASQUIN^

MARAUDIN, entrant par le fond,

Bonjour, mon très-agréable chevalier, embrassez-moi, mon très-clier. Par quel heureux hasard vous rencontré-je ici ?

LE CHEVALIER.

Par un hasard très-naturel et très-malheureux : parce que j’ai trop aimé

1. Le chevalier, Maraudin, Pasquin.

7. — Théâtre. VI. 35