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ACTE I, SCÈNE III. 547

SCÈNE III. LE COMTE DE BOURSOUFLE, suivi d’un page, d’un

PERRUQUIER ET DE TROIS VALETS ; LE CHEVALIER,

MARAUDIiN, PASQUIN ».

LE COMTE, entrant par le fond.

Ail ! (nil supplice que d’être six heures dans une chaise de poste ! on arrive tout dérangé, tout dépoudré.

LE CHEVALIER.

Mon frère, je suis ravi de vous…

MARAUDIN.

Monsieur, vous allez trouver en ce pays…

LE COMTE, s’asseyant près de la table h gauche ".

Holà ! hé ! qu’on m’arrange un peu ! Foi de seigneur, je ne pourrai jamais me montrer dans l’état où je suis.

LE CHEVALIER.

Mon frère, je vous trouve très-bien, et je me flatte…

LE COMTE, à ses valets.

Allons donc un peu ! Un miroir, de la poudre d’œillet, un pouf^ un pouf !

(Un perruquier lui jette un peignoir sur les épaules, et va au fond prendre sa boite à poudre,

puis retouche sa coiffure.) Hé ! bonjour, monsieur Maraudin, bonjour ! M^’* de la Cochonnière me trouvera horriblement mal en ordre. Mons du Toupet, je vous ai déjà dit mille fois que mes perruques ne fuient point assez en arrière ; vous avez la fureur d’enfoncer mon visage dans une épaisseur de cheveux qui nie rend ridicule, sur mon honneur. Monsieur Maraudin, ’à propos… (au chevalier.) Ah ! VOUS voilà, Chonchon !

LE CHEVALIER, s’approchant du comte.

Oui, et j’attendais le moment…

LE COMTE.

Monsieur Maraudin, comment trouvez-vous mon habit de noces ? L’étoffe en a coûté cent écus l’aune.

MARAUDIN.

M^’^ de la Cochonnière sera éblouie.

LE CHEVALIER, revenant à droite.

La peste soit du fat ! il ne daigne pas seulement me regarder !

PASQUIN.

Et pourquoi vous adressez-vous à lui, à sa personne ? Que ne parlez-vous à sa perruque, à sa broderie, à son équipage ! Flattez sa vanité au lieu de songer à toucher son cœur.

1. Maraudin, le chevalier, le comte ; P.’isquin au fond, à droite, près de la cheminée

2. Maraudin, le comte assis, le chevalier, Pasquin.