Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome7.djvu/558

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

648 MADEMOISELLE DE LA COCHONNERIE

LE CHKVAI.IER.

Non. j’ignorais mieux crever que de faire ma cour à ses impertinences.

LE COMTE, au page qui est en face de lui, de l’autre côté de la table.

Page, levez un peu ce miroir, haut, plus haut. Vous C’tes foit maladroit, ])ai : o. foi de seigneur.

LE C II E V A L I E 11.

Mais, mon frère, voudrez-vous bien enfin…

LE COMTE.

Charmé de te voir, mon cher Chonchon, sur mon honneur ! Tu reviens donc de h\ guerre, un peu grêlé, à ce que je vois ? en ! en ! en ! Eh bien ! qu’est devenu ton cousin qui partit avec toi il y a trois ans ?

LE CHEVALIER.

Je vous ai mandé il y a un an qu’il était mort. C’était un très-honnôte garçon, et si la fortune…

LE COMTE, toujours assis à sa toilette.

Ah ! oui. oui, je l’avais oubhé, je m’en souviens, il est mort. Il a bien fait ; cela n’était pas riche. Vous venez pourôtrede la noce, monsieur Chonchon ? cela n’est pas maladroit, (u se lève et passe à l’extrême gauciie.) Écoutcz, monsieur Maraudin, je i)rétends aller le ])lus tard que je pourrai chez M""" de la Cochonnière..l’ai quelque affaire dans le voisinage. La petite marquise n’est qu’à deux cents pas d’ici, qui se repose de ses aventures de Versailles : eh ! en ! je veux un peu aller la voir avant de tâter du sérieux embarras d’une noce. Qu’on mette mes relais à ma chaise, (u remonte vers le fond, et

reprend le milieu de la scène. Les domestiques sortent avec précipitation.) LE CHEVALIER.

Pourrai-je, pendant ce temps-lii, avoir l’honneur de vous dire un petit mot ?

L E c M T E.

Que cela soit court au moins ! Un jour de mariage, on a la tête remplie de tant de choses qu’on n’a guère le temps d’écouter son frère Chonchon.

(Il congédie du geste M. Moraudin et Pasquin, qui sortent par le fond.)

SCÈNE IV. LE COMTE, LE CHEVALIER.

LE CHEVALIER.

Mon frèie, j’ai d’abord à vous dire…

LE CO.MTE, passant à l’extrême droite en faisant jabot.

Réellement, Chonchon, croyez-vous que cet habit me sied assez bien ?

(Il s’assied à droite.)

LE CHEVALIER.

J’ai donc à vous dire, mon frère, que je n’ai presque rien eu en partage, que je suis prêt à vous abandonner tout ce qui peut me revenir de mon