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558 MADEMOISELLE DE LA COCIIOiNNIÈRE.

félicité qui songent à vous enlever, et qui voudraient vous enfermer à la campagne pour votre vie.

T H E U K s E, passant à l’extrême droite.

Ah ! les coquins ! pour m’enlever, passe ; mais m’enfermer !

LE CHEVALIER.

Le plus sûr moyen de leur dérober la possession de vos eiiarmes est de vous donner à moi par un prompt liyménée qui vous mettra en liberté, et moi au comble du bonheur ; il faudrait m’épouser plus tôt que plus tard.

THÉRÈSE.

Vous épouser ! qu’à cela ne tienne ; dans le moment, dans l’instant, je ne demande pas mieux, je vous jure, et je voudrais déjà que cela fût fait.

LE CHEVALIER.

Vous ne vous sentez donc pas de répugnance pour un époux qui vous adore ?

THÉRÈSE.

Au contraire, je vous aime de tout mon cœur. M"’* Barbe prétend (pie je ne devais vous en rien dire, mais c’est une radoteuse, et je ne vois pas. moi, quel grand mal il y a à vous dire que je vous aime, puisque vous m’aimez.

SCÈNE M.

LE BARON, LE CHEVALIER, THÉRÈSE, MARAUDIN, MADAME BARBE.

THÉRÈSE, aUantvers son p&re, qui revient du fond à droite.

Papa, quand nous marierez-vous ?

LE CHEVALIER ^

Mademoiselle votre fille, monsieur, daigne recevoir les empressements de mon cœur avec une bonté que vous autorisez -.

THÉRÈSE.

Qu’est-ce que vous dites là ?

LE CHEVALIER.

Je vous le répète, monsieur, il y a des gens en campagne pour enlever ce trésor, et, si vous n’y prenez garde. M"" de la (Jochonnière est perdue aujourd’hui pour vous et pour son mari.

LE BARON.

Par la culasse de mes mousquetons ! nous y donnerons bon ordre ; qu’ils s’y jouent, les scélérats ! Je vais commencer par enfermer Thérèse

dans le grenier. (u veut la conduire au chîVteau. Elle s’échappe, et revient près du chevalier, j

1. M’"" Barbe, le chevalier, le baron, Thérèse.

2. En cet endroit quelques lignes indispensables sont passées. Voyez VÈchanoe-, tome II du Théâtre, p. ’276.