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ACTE II, SCÈNE IX. 563

TIIKRÈSE, qui va rentrer au château, s’arrête ^.

Pardi, plus je regarde ce drôle-Ià, et plus il me paraît, malgré tout, avoir la mine assez revenante ; il est bien mieux habillé que mon mari ; ma foi, il est au moins aussi beau. Oh ! vivent les gens de Paris, même les coquins ! je le dirai toujours. Mais de quoi t’avisais-tu ans ? i de prendre si mal Ion temps pour m’enlever ? Écoute, je te pardonne de tout mon cœur ; puisque tu voulais m’avoir, c’est que tu me trouvais belle ; j’en suis assez charmée, et je te promets de pleurer quand on te pendra.

LE COMTE.

Je vois bien que la fille n’a pas plus de raison que le père.

THKRÎiSE.

Hein ! ne dis-tu pas « ne je t’ai ôté la raison, pauvre garçon ? Tu étais donc bien amoureux de moi ? Ah ! que je ferai do passions ! ah ! comme on m’aimera 1

LE COMTE.

Lçs jolies dispositions ! le beau petit naturel de femme !

SCÈNE IX. LE BARON, LE COMTE, THÉRÈSE.

LE BAUOX, sortant du château.

Merci de mon honneur ! Que faites-vous là, Thérèse ? Vous osez parler à ce fripon ! Dénichez, ou vous ne serez mariée de dix ans d’ici.

THÉRÈSE.

Ah ! je m’enfuis… (EUe rentre dans le château à droite.) LE COMTE.

Eh bien, monsieur le baron, puis-je enfin avoir l’honneur de parler à votre gendre, et voir un peu avec lui qui de nous deux est le comte de Boursoufle ? Franchement, je commence à me lasser, et je suis fort mal à mon aise.

LE BARON.

Va, va, pendard, monsieur le comte et M. Maraudin ne veulent te parler qu’en présence de la justice. Ils ont raison. Elle va venir, et nous verrons beau jeu. Çà, qu’on me mène ce drôle-là dans l’écurie, et qu’on l’attache à la mangeoire, en attendant que son procès lui soit fait et parfait.

LE COMTE.

Je ne crois pas que seigneur de ma sorte ait jamais été traité ainsi. Que dira-t-on à la cour ?

(Colin passe une corde au cou du comte, et l’entraîne à l’écurie, ù droite au fond.)

1. Le comte, Thérèse, M™*^ Barbe ; les domestiques au deuxième plan. FIN DU DEUXIÈME ACTE.