Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome8.djvu/103

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Les meurtriers ardents, qu’aveuglait la colère,
Sur eux à coups pressés enfoncent le poignard
Sur ce lit malheureux la mort vole au hasard.
« L’Éternel en ses mains tient seul nos destinées ;
Il sait, quand il lui plaît, veiller sur nos années,
Tandis qu’en ses fureurs l’homicide est trompé[1].
D’aucun coup, d’aucun trait, Caumont ne fut frappé.
Un invisible bras, armé pour sa défense,
Aux mains des meurtriers dérobait son enfance ;
Son père, à son côté, sous mille coups mourant,
Le couvrait tout entier de son corps expirant ;
Et, du peuple et du roi trompant la barbarie,
Une seconde fois il lui donna la vie.
« Cependant que faisais-je en ces affreux moments ?
Hélas ! trop assuré sur la foi des serments,
Tranquille au fond du Louvre, et loin du bruit des armes,
Mes sens d’un doux repos goûtaient encor les charmes.
Ô nuit, nuit effroyable ! ô funeste sommeil !
L’appareil de la mort éclaira mon réveil.
On avait massacré mes plus chers domestiques ;
Le sang de tous côtés inondait mes portiques :

    sait chercher pour s'en défaire, on le fit sauver en habit de page, sous le nom de Beaupui. (Id., 1723.) — A une phrase près, qui est de 1730, ainsi que je l'ai indiqué, toute cette note est de 1723; mais Voltaire ne rapporte pas textuellement le passage des Mémoires (encore inédits) du maréchal de La Force. Le fragment de ces Mémoires relatif à la Saint-Barthélémy fut imprimé dans le Mercure de novembre 1705, pages 31-51, et réimprimé en 1783, par J.-B.-B. de Laborde, dans l'édition qu'il donna de l’Histoire secrète de Bourgogne: mais il fut supprimé, et ne se trouve que dans quelques exemplaires de cette Histoire. Dans son Siècle de Louis XIV, Voltaire dit que le maréchal de La Force mourut en 1652, à quatre-vingt-dix-sept ans. A ce compte, il aurait eu dix-sept ans en 1572. Il n'en avait que quatre ou cinq, s'il est mort à quatre-vingt-quatre ans. Quant au de Piles qui tua en duel un fils de Malherbe en 1628, ce ne peut être que le petit-fils du protestant égorgé en 1572, et dont le fils, en 1628, ne pouvait avoir moins de cinquante-six ans. M. de Fortia (Biographie universelle, tome XXXIV, page 447) observe que Balzac dit formellement que l'adversaire du fils de Malherbe était un gentilhomme de Provence qui n'avait pas vingt-cinq ans. ( B.)

  1. Racine a dit dans Esther, acte I, scène i :
    Dieu tient le cœur des rois entre ses mains puissantes;
    Il fait que tout prospère aux âmes innocentes,
    Tandis qu'en ses projets l'orgueilleux est trompé.