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DE FRANCE.

Il laissa quatre fils : François II, Charles IX, Henri III, et le duc d’Alençon. Tous ces indignes descendants de François Ier montèrent successivement sur le trône, excepté le duc d’Alençon, et moururent, heureusement, à la fleur de leur âge, et sans postérité.

Le règne de François II fut court, mais remarquable. Ce fut alors que percèrent ces factions et que commencèrent ces calamités qui, pendant trente ans successivement, ravagèrent le royaume de France.

Il épousa la célèbre et malheureuse Marie Stuart, reine d’Écosse, que sa beauté et sa faiblesse conduisirent à de grandes fautes, à de plus grands malheurs, et enfin à une mort déplorable. Elle était maîtresse absolue de son jeune époux, prince de dix-huit ans, sans vices et sans vertus, né avec un corps délicat et un esprit faible.

Incapable de gouverner par elle-même, elle se livra sans réserve au duc de Guise, frère de sa mère. Il influait sur l’esprit du roi par son moyen, et jetait par là les fondements de la grandeur de sa propre maison. Ce fut dans ce temps que Catherine de Médicis, veuve du feu roi, et mère du roi régnant, laissa échapper les premières étincelles de son ambition, qu’elle avait habilement étouffée pendant la vie de Henri II. Mais, se voyant incapable de l’emporter sur l’esprit de son fils et sur une jeune princesse qu’il aimait passionnément, elle crut qu’il lui était plus avantageux d’être pendant quelque temps leur instrument, et de se servir de leur pouvoir pour établir son autorité, que de s’y opposer inutilement. Ainsi les Guises gouvernaient le roi et les deux reines. Maîtres de la cour, ils devinrent les maîtres de tout le royaume : l’un, en France, est toujours une suite nécessaire de l’autre.

La maison de Bourbon gémissait sous l’oppression de la maison de Lorraine ; et Antoine, roi de Navarre, souffrit tranquillement plusieurs affronts d’une dangereuse conséquence. Le prince de Condé, son frère, encore plus indignement traité, tâcha de secouer le joug, et s’associa pour ce grand dessein à l’amiral de Coligny, chef de la maison de Châtillon. La cour n’avait point d’ennemi plus redoutable. Condé était plus ambitieux, plus entreprenant, plus actif ; Coligny était d’une humeur plus posée, plus mesuré dans sa conduite, plus capable d’être chef d’un parti : à la vérité aussi malheureux à la guerre que Condé, mais réparant souvent par son habileté ce qui semblait irréparable ; plus dangereux après une défaite que ses ennemis après une victoire ; orné d’ail-