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LE TRISSIN.

fait une menterie avec beaucoup d’agaceries, et enfin Justinien

le diede un bascio
Soave, e le gettò le braccia al collo,
Ed ella stette, e sorridendo disse :
« Signor mio dolce, or che volete fare ?
Chè se venisse alcuno in questo luogo,
E ci vedesse, avrei tanta vergogna,
Chè più non ardirei levar la fronte.
Entriamo nelle nostre usate stanze,
Chiudiamo gli usci, e sopra il vostro letto
Poniamci, e fate poi quel che vi piace. »
L’imperator rispose : « Alma mia vita,
Non dubitate de la vista altrui ;
Chè qui non può venir persona umana
Se non per la mia stanza, ed io la chiusi
Come qui venni, ed ho la chiave a canto ;
E penso, che ancor voi chiudeste l’uscio
Che vien in esso dalle stanze vostre ;
Perchè giammai non lo lasciate aperto. »
E detto questo, subito abbracciolla ;
Poi si colcar ne la minuta erbetta,
La quale allegra gli fioria d’intorno, etc.

« L’empereur lui donna un doux baiser, et lui jeta les bras au cou. Elle s’arrêta, et lui dit en souriant : « Mon doux seigneur, que voulez-vous faire ? Si quelqu’un entrait ici, et nous découvrait, je serais si honteuse que je n’oserais plus lever les yeux. Allons dans notre appartement, fermons les portes, mettons-nous sur le lit, et puis faites ce que vous voudrez. » L’empereur lui répondit : « Ma chère âme, ne craignez point d’être aperçue, personne ne peut entrer ici que par ma chambre ; je l’ai fermée, et j’en ai la clef dans ma poche : je présume que vous avez aussi fermé la porte de votre appartement qui entre dans le mien ; car vous ne le laissez jamais ouvert. » Après avoir ainsi parlé, il l’embrasse, et la jette sur l’herbe tendre, qui semble partager leurs plaisirs, et qui se couronne de fleurs. » Ainsi ce qui est décrit noblement dans Homère devient aussi bas et aussi dégoûtant dans le Trissin que les caresses d’un mari et d’une femme devant le monde.

Le Trissin semble n’avoir copié Homère que dans les détails des descriptions : il est très-exact à peindre les habillements et les meubles de ses héros ; mais il oublie leurs caractères. Je ne prétends pas parler de lui pour remarquer seulement ses fautes, mais pour lui donner l’éloge qu’il mérite d’avoir été le premier