Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome8.djvu/401

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POEME DE FONÏENOY

��Quoi ! du siècle passé le fameux satirique Aura fait retentir la trompette héroïque, Aura chanté du Rhin les hords ensanglantés, Ses défenseurs mourants, ses flots épouvantés. Son dieu même en fureur, effrayé du passage, Cédant à nos aïeux son onde et son rivage : Et vous, quand votre roi dans des plaines de sang Voit la mort devant lui voler de rang en rang, Tandis que, de Tournay foudroyant les murailles, Il suspend les assauts pour courir aux batailles ; Quand, des bras de l'hymen s'élançant au trépas, Son fils, son digne fils, suit de si près ses pas ; Vous, heureux par ses lois, et grands par sa vaillance. Français, vous garderiez un indigne silence !

Venez le contempler aux champs de Fontenoy. vous. Gloire, Vertu, déesses de mon roi. Redoutable Bellone, et Minerve chérie. Passion des grands cœurs, amour de la patrie. Pour couronner Louis prêtez-moi vos lauriers ; Enflammez mon esprit du feu de nos guerriers ; Peignez de leurs exploits une éternelle image.

Vous m'avez transporté sur ce sanglant rivage : J'y vois ces combattants que vous conduisez tous ; C'est là ce fier Saxon* qu'on croit né parmi nOus, Maurice, qui, touchant à l'infernale rive, Rappelle pour son roi son âme fugitive. Et qui demande à Mars, dont il a la valeur,

��1. Le comte maréchal de Saxe, dangereusement malade, était porté dans une gondole d'osier quand ses douleurs et sa faiblesse l'empêchaient de se tenir à cheval. Il dit au roi, qui l'embrassa après le gain de la bataille, les même choses qu'on lui fait penser ici. {Note de Voltaire.)

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