Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome8.djvu/44

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

26 AVANT-PROPOS DU ROI DE PRUSSE.

jilus ciiicllo ; mais, d'un autre côto, il dépeint des couleurs les plus vives l'alTreux massacre de la Saint-Barlhélemy, [et la cruauté inouïe avec laquelle Charles IX hâtait lui-même la mort de ses malheureux sujets calvinistes.

La sombre politique do Philippe II, les artifices et les inlriguesde Sixte- Quint, l'indolence léthargique de Valois, et les faiblesses que l'amour fit commettre à Henri IV, sont estimés à leur juste valeur. 31. de Voltaire accompagne tous ses récits de réflexions courtes, mais excellentes, qui ne peuvent que former le jugement de la jeunesse, et donner des vertus etdes vices les idées qu'on en doit avoir. On trouve de toute part dans ce poëme que l'auteur recommande aux peuples la fidélité pour leurs lois et pour leurs souverains. Il a immortalisé le nom du président de Harlay ^ dont la fidé- lité inviolable pour son maître méritait une pareille récompense; il en fait autant pour les conseillers Brisson, Larcher, Tardif, qui furent mis à mort par les fiictieux; ce qui fournit la réflexion suivante de l'auteur:

Vos noms toujours fameux vivront dans la mémoire, Et qui meurt pour son roi meurt toujours avec gloire 2.

Le discours de Potier ^ aux factieux est aussi beau par la justesse des sentiments que par la force de l'éloquence. L'auteur fait parler un grave magistrat dans l'assemblée de la Ligue; il s'oppose courageusement au des- sein des rebelles, qui voulaient élire roi un d'entre eux : il les renvoie à la domination légitime de leur souverain, à laquelle ils voulaient se soustraire; il condamne toutes les vertus des Guises, en tant que vertus militaires, puisqu'elles devenaient criminelles dès là qu'ils en faisaient usage contre leur roi et leur patrie. Mais fout ce que je pourrais dire de ce discours ne saurait en approcher; il faut le lire avec attention. Je ne prétends que d'en faire remarquer les beautés à ceux des lecteurs auxquels elles pourraient échapper.

Je passe à la guerre de religion, qui fait le sujet de la Henriade. L'au- teur a dû exposer naturellement les abus que les superstitieux et les fana- tiques ont coutume de faire de la religion : car on a remarqué que, par je ne sais quelle fatalité, ces sortes de guerres ont toujours été plus sanguinaires que celles que l'ambition des princes ou l'indocilité des sujets ont suscitées; et comme le fanatisme et la superstition ont été de tout temps les ressorts de la politique détestable des grands et des ecclésiastiques, il fallait néces- sairement y opposer une digue. L'auteur a employé tout le feu de son ima- gination, et tout ce qu'ont pu l'éloquence et la poésie, pour mettre devant les yeux de ce siècle les folies de nos ancêtres, afin de nous en préserver à jamais. Il voudrait purifier les camps et les soldats des arguments pointilleux et subtils de l'école, pour les renvoyer au peu[)le jiédant des scolastiques; il voudrait désarmer à perpétuité les hoaunes du glaive saint (pi'ils preiment

J. Chant IV, vers i3!).

'-'. Ibii., 467-G8.

3. Chant V, vers 83 et suiv.

�� �