Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome8.djvu/462

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ODE \. [12]

Tu prenais sur l'autel un glaive qu'on révère, Pour frapper saintement les plus sages humains. Mon roi va te percer du fer (jue le vulgaire Adorait dans tes mains.

11 te frappe, tu meurs; il venge notre injure: La vérité renaît, l'erreur s'évanouit ; La terre élève au ciel une voix libre et pure : Le ciel se réjouit.

Et vous, de Borgia détestables maximes, Science d'être injuste à la faveur des lois, Art d'opprimer la terre, art malheureux des crimes, Qu'on nomme l'art des rois ' ;

Périssent à jamais vos leçons tyranniques! Le crime est trop facile, il est trop dangereux. l'n esprit faible est fourbe; et les grands politiques Sont les cœurs généreux.

Ouvrons du monde entier les annales fidèles, Voyons-y les tyrans, ils sont tous malheureux ; Les foudres qu'ils portaient dans leurs mains criminelles Sont retombés sur eux.

Ils sont morts dans l'opprobre, ils sont morts dans la rage ; Mais Antonin, Trajan, Marc-Aurèle, Titus, Ont eu des jours sereins, sans nuit et sans orage, Purs comme leurs vertus.

Tout siècle eut ses guerriers ; tout peuple a dans la guerre Signalé des exploits par le sage ignorés. Cent rois que l'on méprise ont ravagé la terre : Régnez, et Téclairez.

On a vu trop longtemps l'orgueilleuse ignorance, Écrasant sous ses pieds le mérite abattu. Insulter aux talents, aux arts, à la science. Autant qu'à la vertu.

��1. Allusion au Prince, de Machiavel, que Frédéric avait réfuté. (G. A.)

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