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468 >!OTE DE M. MORZA

qui compromet la société dont il est, et qui ose parler de morale, tandis que ses coufrères sont accusés et punis d'un parricide; faiit(M c'est le factieux auteur d'une g?izet\c nommée Ecclésiastique, (\m, pour quelques écus par mois, a calomnié les Buffon, les Montesquieu, etjusqu'à un ministre d'État (M. d'Argenson), auteur d'un livre excellent sur une partie du droit pul)lic. C'est une troupe d'écrivains afTamés qui se vantent de défendre le christia- nisme à quinze sous par tome, qui accusent d'irréligion le sage et savant auteur des Essais sur Pa)'is, et qui enfin sont forcés de lui demander pardon juridiquement '.

C'est surtout le misérable auteur d'un libelle intitulé l'Oracle des philosophes ', qui prétend avoir été admis à la table d'un homme qu'il n'a jamais vu, et dans l'antichambre duquel il ne serait pas souffert ; qui se vante d'avoir été dans un château, lequel n'a jamais existé ; et qui, pour prix du bon accueil qu'il dit avoir reçu dans cette seule maison en sa vie, divulgue les secrets ({u'il sup- pose lui avoir été confiés dans cette maison... Ce polisson, nommé Guyon, se donne ainsi lui-même de gaieté de cœur pour un malhonnête homme. N'ayant point d'honneur à perdre, il ne songe qu'à regagner par le débit d'un mauvais libelle l'argent qu'il a perdu à l'impression de ses mauvais livres. L'opprobre le couvre, et il ne le sent pas ; il ne sent que le dépit honteux de n'avoir pu même vendre son libelle. C'est donc à cet excès de tur- pitude qu'on est parvenu dans le métier d'écrivain !

��d'Argcntal, du 3 juin 1759. Quelques pcrsotinos ont cru, et j'ai beaucoup trop légèrement adopte cette opinion, que cet Avis à frère Berthier, etc., n'était autre que la Noie qui est à la suite de YOde. Mais je crois que l'Avis est autre que la N^ote.

Montjoye, auteur d'un Eloge de Berthier, 1817, in-S", regrette de ne pouvoir lire à ses auditeurs la Réponse de \Pltaire, parce que malheureusement elle est souillée de sales obscénités. Montjoye a été plus heureux que moi s'il a vu cette réponse; mais Montjoye n'est pas toujours exact. Ainsi, dans son Eloge, page 13(3, à l'occasion de la pension que, le 9 décembre 1782, l'assemblée du clergé accorda à Berthier, Montjoye s'écrie : « Le croircz-vous, messieurs^ et oserai-je vous le révéler? Cette modique pension, si justement méritée, si tard accordée, souleva l'âme haineuse de Voltaire, si près lui-même du terme de sa carrière. Ce fut pour lui une occasion de lancer de nouveaux sarcasmes et contre celui qui avait été honoré de cette faveur, et contre ceux qui l'avaient décernée. » Malheureusement pour ces exclamations, Voltaire était mort depuis quatre ans et demi quand la pension fut accordée à Berthier. Cette circonstance fait, ce me semble, sentir la nécessité qu'il y avait de restituer les notes à chacun, ou du moins d'en donner les dates. (B.)

1. Voyez les Honnêtetés littéraires, dans les Mélanges, Dixième Honnêteté. — Voyez aussi dans la Correspondance la lettre au roi Stanislas, du 15 auguste 1700.

'2. L'abbé Guyon. Voyez les Honnêtetés littéraires^ dans les Mélanges, Vingt- quatrième Honnêteté.

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