Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome8.djvu/574

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5bb LIÎ TEMI'LK DU GOUT.

Entre vos mains il a remis

Les clefs de son l)eau paradis ;

Et vous êtes, à mon avis,

Le vrai papi; de celte église :

Mais de l'autre pa[)e et de vous

(Dut Rome se mettre en courroux)

La difTérence est bien visible;

Car la Sorbonno ose assurer

Que le saint-père peut errer,

Chose, à mon sens, assez possible;

]\Iais pour moi, (piand je vous entends

D'un ton si doux et si plausible

Débiter vos discours brillants.

Je vous croirais presque infaillible.

— Ah! me dit-il, l'inlaillilHlité est à Rome pour les choses qu'on ne comprend point, et dans le Temple du (loùt pour les choses que tout le monde croit entendre. Il faut absolument que vous Teniez avec moi. — Mais, insistai-je encore, si vous me menez avec vous, je m'en vanterai à tout le monde.

Sur ce petit pèlerinage

Aussitôt on demandera

Que je compose un gros ouvrage.

Voltaire simplement fera

Un récit court, qui ne sera

Qu'un très-frivole badinage.

Mais son récit on frondera;

A la cour on murmurera;

Et dans Paris on me |>rendra

Pour un vieux conteur de voyage

Qui vous dit d'un air ingénu

Ce qu'il n'a ni vu ni connu,

Et (pii vous ment ;i cluKjuo page. »

Cependant, comme il ne faut jamais se refuser un plaisir honnête dans la crainte de ce que les autres en pourront penser, je suivis le guide qui me faisait l'honneur de me conduire,

(>lier Holliclin ', vous fûtes du voyage, Vous (pic le goût ne cesse d'inspirer,

1. L'al)l)ô dn P.otholin, do l'Acadiimift française. (Note rie Voltaire. 17ô2.)

— Charles d'Orlcan.s de Rothelin, descendant de Danois, était aussi de l'Aca- démie des inscriptions. Ne en 1691, il est mort en 1744. (B.)

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