Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome8.djvu/596

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578 LE Tl'.MPLr- DU GOUT.

Et sacrifiait sans faiblesse Tous ces enfants infortunés, Fruits languissants de sa vieillesse, Trop iiuliirnes ci(> leurs aînés.

Plus pur, plus élégant, plus tondre, Et i)aiiant au cœur de plus prés, Nous attachant sans nous surprendre, Et ne se démentant jamais, Racine observe les portraits Do Tiajazet, de Xipbarès, De Britannicus, d'ilippolyte. A peine il distingue leurs traits : Ils ont tous le même mérite, Tendres, galants, doux, et discrets; Et l'amour, qui marche à leur suite, Les croit des courtisans français.

Toi, favori de la nature, Toi, La Fontaine, auteur charmant, Qui, bravant et rime et mesure, Si négligé dans ta parure. N'en avais que plus d'agrément. Sur tes écrits inimitables Dis-nous quel est ton sentiment; Éclaire notre jugement Sur tes contes et sur tes fables.

La Fontaine, qui avait conserve la naïveté de son caractère, et qui, dans le temple du Goût, joignait un sentiment éclairr à cet heureux et singulier instinct qui l'inspirait pendant sa vie, retranchait quelques-unes de ses fahles. Il accourcissait presque tous ses contes, et déchirait les trois quarts d'un gros recueil d'œuvres posthumes, imprimées par ces éditeurs qui vivent des sottises des morts.

Là régnait Despréaux, leur maître en l'art d'écrire. Lui qu'arma la raison des traits de la satire. Qui, donnant le précepte et l'exemple à la fois. Établit d'Apollon les rigoureuses lois. 11 revoit ses enfants avec un œil sévère : De la triste Équivoque il rougit d'être père, Et rit des traits manques du pinceau faible et dur Dont il défigura le vainqueur de Namur '.

��1. Voltaire a répété ce vers en 1709, dans son Epitre à Boileau.

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