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586 VARIANTES DU TEMPLE DU GOUT.

Où j'ai sanglé messieurs da parlement. vous, Critique! ô vous, déesse utile! C'était pour vous que j'étais inspire : En tout pays, en tout temps abhorré, Je n'ai que vous désormais pour asile. »

La Critique entendit ces paroles, rouvrit la porte, et parla ainsi :

« Rousseau, connais mieux la critique :

Je suis juste, et ne fus jamais

Semblable à ce monstre caustique

Qui t'arma de ses lâches traits,

Trempés au poison satirique

Dont tu t'enivres à longs traits.

Autrefois de ta félonie

Tiiémis te donna le guerdon :

Par arrêt ta muse est bannie

Pour certains couplets de chanson,

Et pour un fort mauvais facton

Que te dicta la calomnie.

Mais par l'équitable Apollon

Ta rage fut bien mieux punie :

Il t'ota le peu de génie

Dont tu dis qu'il t'avait fait don :

Il te priva de Fharmonie;

Et tu n'as plus rien aujourd'hui

Que la fureur et la manie

De rimer encor malgré lui

Des vers tudesques qu'il renie.

O vous, messieurs les beaux esprits.

Si vous voulez être chéris

Du dieu de la double montagne,

Et que dans vos galants écrits

Le dieu du Goût vous accompagne.

Faites tous vos vers à Paris,

Et n'allez point en Allemagne. »

Page 565, ligne 10. — Édition de 1733 :

«Ah, bon Dieu, s'écria la Critique, quel horrible jargon! » Elle fit ouvrir la porte pour voir l'animal qui avait un cri si singulier. Qvw\ fut son étonne- uient quand tout le monde lui dit que c'était Rousseau ! Elle lui ferma la porte au plu» vite. Le rimeur désespère lui criait dans son style marotique :

«I Eh! montrez-vous un peu moins difficile.

��d'un style dur et rebutant. Il y a. encore je ne sais quelle épigramme do lui sur cet auguste corps.

Si (le Xoù ruri des enfants maudit,

De son seigneur perdit la sauvegarde,

Ce ne fut point pour avoir, comme on dit,

Surpris son père on posture gaillarde ;

Mais c'est qu'ayant fait cuchur sa guimbarde

Au fond de Tarche, en guise de relais,

Il on tira cette espèce bâtarde

Qu'on nomme gens de robe et de palais.

(Xole de Voltairr, 1133.)

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