Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome8.djvu/614

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o9o VARIAXTKS I)L' TI'Ml'LE DU GOUT.

— Eli bitMi, exaniinoz, vclillez tant qu'il vous plaira, dit en passant un jmino (lue ipii revenait du sermon de Ninon, et qui en paraissait tout péné- tre : pour moi, je n'ai pas la force de rien censurer d'aujourd'hui. »

Cet lionuiie que Ninon avait rendu si indulgent,

C'est lui qui, (l'un esprit vif, aimal)lc et facile, D'un vol toujours brillant sut passer tour à tour Du temple des beaux-arts au temple de l'Amour, Mais qui fut plus content de ce dernier a,sile.

Des mains des Grâces présenté,

Fil Allemagne, en Italie,

Il charma l'Kiu'ope adoucie.

Dont son oncle fut redouté.

Il est même encore mieux reçu dans le temple du Goijt que cet oncle si vanté, qui rétablit les beaux-aris en France de la même main dont il abaissa ou perdit tous ses ennemis. Ce terrible ministre, craint, haï, envié, admiré à l'excès de toutes les cours et de la sienne, est redouté jusque dans le temple du Goût, dont il est restaurateur : on craint à tout moment qu'il ne lui prenne fantaisie d'y faire entrer Chapelain, CoUetet, Faref, et Desma- rels, avec lesquels ils faisait autrefois de méchants vers.

Quand je vis que le cardinal de Richelieu n'avait pas toutes les préfé- rences, je m'écriai : « C'est donc ici comme ailleurs, et l'inclination l'em- porte partout sur les bienfaits ! » Alors j'entendis quelqu'un qui me dit :

(( Établir, conserver, mouvoir, arrêter tout. Donner la paix au monde, ou fixer la victoire, C'est ce qui m'a conduit au temple de la Gloire Bien plutôt qu'au temple du Goût. »

Page 375, ligne 40. — Édition de 1733 :

Ce qui me charmait davantage dans cette demeure délicieuse, c'était (le voir avec quelle heureuse agilité l'esprit se promène sur différents plai- sirs, en jiarcourant de suite les arts, et caressant tant de beautés diverses.

On y passe facilement

De la musique à- la peinture.

De la physique au sentiment,

Du tragique au simple agrément.

De la danse à l'architecture.

Tel Homèr(> peignait ses dieux

Planant sur l:i terre et sur l'onde.

Et, cent fois plus prompt que nos yeux,

S'élançant du centre des cieux

Jusqu'au bout de l'axe du monde.

Aussi serais-je trop long si je disais tout ce que je vis dans ce temple. Grâce au siècle de Louis XIV, une foule de grands hommes en tout genre, qui avaient honoré ce beau siècle, s'étaient rangés avec mes deux guides autour du grand Colbert. « Je n'ai exécuté, disait ce ministre, que la moindre partie de ce que je méditais ; j'aurais voulu que Louis XIV eût employé

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