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CHANT XIII


Argument.- Sortie du château de Cutendre. Combat de la Pucelle et de Jean Chandos : étrange loi du combat à laquelle la Pucelle est soumise. Vision du père Bonifoux. Miracle qui sauve l’honneur de Jeanne.



C’était le temps de la saison brillante,
Quand le soleil aux bornes de son cours
Prend sur les nuits pour ajouter aux jours,
Et se plaisant, dans sa démarche lente,
A contempler nos fortunés climats,
Vers le tropique arrête encor ses pas.
O grand saint Jean ! c’était alors ta fête[1] ;
Premier des Jeans, orateur des déserts,
Toi qui criais jadis à pleine tête :
" Que du salut les chemins soient ouverts ;
Grand précurseur, je t’aime, je te sers.
Un autre Jean eut la bonne fortune
De voyager au pays de la lune
Avec Astolphe, et rendit la raison[2],

  1. L'auteur désigne clairement la fin du mois de juin. La fête de saint Jean le baptiseur, qu'on appelle Baptiste, est célébrée le 24 juin. (Note de Voltaire, 1762.)
  2. Ce que dit ici l'auteur fait allusion au trente-quatrième chant de l’Orlando furioso :
    Quando scoprendo il nome suo gli disse
    Esser colui che l'Evangelio scrisse.

    Voyez notre Préface, et surtout souvenez-vous qu'Arioste place saint Jean dans la lune avec les trois Parques. (Id., 1773.) — Le commencement de cette note est de 1762. Après la citation des deux vers de l’Orlando, Voltaire ajoutait : « Et au trente-cinquième, le même saint Jean l'Évangéliste dit à Astolfe :
    Gli scrittori amo, e fo il debito mio ;
    Ch' al vostro mondo fu scrittor' anche io....
    E bon convenne al mio lodato Cristo
    Render mi guidardon di si gran sorte.

    Nous n'osons traduire ces vers italiens, qui paraîtraient des profanations; cependant on ne s'en formalise pas en Italie : mais nous ne pouvons nous empêcher de louer notre auteur, lequel n'a jamais poussé si loin son innocent badinage. » (R.)