Page:Voltaire - Œuvres complètes Garnier tome9.djvu/241

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Et garrottés de chaînes éternelles :
Que tout s’enflamme et s’unisse à ta voix ;
Que l’univers en aimant se maintienne.
Jetons au feu nos vains fatras de lois,
N’en suivons qu’une, et que ce soit la tienne.



Tendre Vénus, conduis en sûreté
Le roi des Francs, qui défend sa patrie ;
Loin des périls conduis à son côté
La belle Agnès, à qui son cœur se fie :
Pour ces amants de bon cœur je te prie.
Pour Jeanne d’Arc je ne t’invoque pas,
Elle n’est pas encor sous ton empire :
C’est à Denys de veiller sur ses pas ;
Elle est pucelle, et c’est lui qui l’inspire.
Je recommande à tes douces faveurs
Ce La Trimouille et cette Dorothée :
Verse la paix dans leurs sensibles cœurs ;
De son amant que jamais écartée
Elle ne soit exposée aux fureurs
Des ennemis qui l’ont persécutée.



Et toi, Comus, récompense Bonneau[1],
Répands tes dons sur ce bon Tourangeau
Qui sut conclure un accord pacifique
Entre son prince et ce Chandos cynique.
Il obtint d’eux avec dextérité
Que chaque troupe irait de son côté,
Sans nul reproche et sans nulles querelles,
A droite, à gauche, ayant la Loire entre elles.
Sur les Anglais il étendit ses soins,
Selon leurs goûts, leurs mœurs et leurs besoins.
Un gros rostbeef que le beurre assaisonne[2],
Des plum-puddings, des vins de la Garonne,
Leur sont offerts ; et les mets plus exquis,
Les ragoûts fins dont le jus pique et flatte,
Et les perdrix à jambes d’écarlate,
Sont pour le roi, les belles, les marquis.

  1. Cornus, dieu des festins. (Note de Voltaire, 1762.)
  2. Rostbeef, prononcez rostbif; c’est le mets favori des Anglais : c’est ce que nous appelons un aloyau. Les puddings sont des pâtisseries; il y a des plum-puddings, des bread-puddings, et plusieurs autres sortes de puddings. « Notandi sunt tibi mores. [Horat., De arte poetica, 156.] » (Id., 1762.)