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VARIANTES DU CHANT XXI. 349

Fut remplace d'une vive rongeur; D'un tendre feux ses yeux ctincelèrent. Elle flatta son amant de la main, Mais en tremblant, puig la tira soudain. Elle soupire, elle craint, se condamne. Puis se rassure, et puis lui dit : « Bel âne, De vos récits mes esprits sont charmés; Mais dois-je croire, liéias! que vous m'aimez? — Si je vous aime! eu doutez-vous encore?...

La suite comme aux variantes du vingt et unième chant, sauf que les vers grossiers ne se trouvent pas dans les manuscrits.

Il est évident que ces \ers intercalés sont de la façon des premiers édi- teurs, ainsi qu'un assez grand nombre d'autres vers indiqués dans les variantes des autres chants. Le premier but de ces éditeurs était, comme on l'a dit', de gagner quelque argent, et le second de nuire à M. de Voltaire, et de lui susciter de nouveaux ennemis; car non-seulement ils ont souillé .•^on poëme de leurs ordures, mais ils y ont outragé plusieurs de ses amis, et des personnes puissantes auxquelles il était attaché. Ce sont les mêmes motifs (pii avaient déjà porté La Beaumelle à falsifier le Siècle de Louis A'IV.

Le dernier chant de l'édition de 1756 est suivi de cet épilogue.

C'est par ces vers, enfants de mon loisir, Que j'égayais les soucis du vieil âge : O don du ciel ! tendre amour! doux désir! On est encore heureux par votre image; L'illusion est le premier plaisir. J'allais enfin, libre en mon ermitage. Chantant les feux de Jeanne et de Dunois, Me consoler de la jalouse rage, Des faux mépris, des cruautés des rois, Des traits du sot, des sottises du sage. Mais quel démon me vole cet ouvrage? Brisons ma lyre; elle é^'happe à mes doigts. Ne t'attends pas à de nouveaux exploits. Lecteur! ma Jeanne aura son pucelage, Jusqu'à ce que les vierges du Seigneur, Malgré leurs vœux, sachent garder le leur.

Ces vers semblent tirés de quelque manuscrit où le poëme n'était pas achevé, et oii Jeanne ne cédait ni à Dunois ni à son autre amant. Les édi- teurs capucins ou diacres du saint Évangile les ont imprimés à la suite de leur dernier chant, qu'on vient de lire, et avec lequel cet épilogue forme- rait une contradiction grossière ; nouvelle preuve de l'honnêteté de ces savants éditeurs et de leur bonne intention. (K.)

1. Voyez VAvcrlissemcnt des éditeurs de Kehl, page 15.

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