Pour Aristote et contre l’émétique.
Venez, venez, mon beau père Girard[1],
Vous méritez un grand article à part.
Vous voilà donc, mon confesseur de fille,
Tendre dévot qui prêchez à la grille !
Que dites-vous des pénitents appas
De ce tendron converti dans vos bras ?
J’estime fort cette douce aventure.
Tout est humain, Girard, en votre fait ;
Ce n’est pas là pécher contre nature :
Que de dévots en ont encor plus fait !
Mais, mon ami, je ne m’attendais guère
De voir entrer le diable en cette affaire.
Girard, Girard, tous vos accusateurs,
Jacobin, carme, et faiseur d’écriture,
Juges, témoins, ennemis, protecteurs,
Aucun de vous n’est sorcier, je vous jure.
Lourdis enfin voit nos vieux parlements
De vingt prélats brûler les mandements,
Et par arrêt exterminer la race
D’un certain fou qu’on nomme saint Ignace ;
Mais, à leur tour, eux-mêmes on les proscrit :
Quesnel en pleure, et saint Ignace en rit.
Paris s’émeut à leur destin tragique,
Et s’en console à l’Opéra-Comique[2].
O toi, Sottise ! ô grosse déité,
De qui les flancs à tout âge ont porté
Plus de mortels que Cybèle féconde
N’avait jadis donné de dieux au monde,
Qu’avec plaisir ton grand œil hébété
Voit tes enfants dont ma patrie abonde !
Sots traducteurs, et sots compilateurs,
Et sots auteurs, et non moins sots lecteurs.
Je t’interroge, ô suprême puissance !
Daigne m’apprendre, en cette foule immense,
De tes enfants qui sont les plus chéris,
Les plus féconds en lourds et plats écrits,
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