Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 1.djvu/135

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CU-SU

Vous raisonnez de bonne foi ; & ce sentiment vertueux, quand même il serait erroné, serait agréable à l’Être suprême. Vous pouvez vous tromper, mais vous ne cherchez pas à vous tromper, & dès lors vous êtes excusable. Mais songez que vous ne m’avez proposé que des doutes, & que ces doutes sont tristes. Admettez des vraisemblances plus consolantes ; il est dur d’être anéanti ; espérez de vivre. Vous savez qu’une pensée n’est point matière, vous savez qu’elle n’a nul rapport avec la matière, pourquoi donc vous serait-il si difficile de croire que Dieu a mis dans vous un principe divin, qui ne pouvant être dissous, ne peut être sujet à la mort ? oseriez-vous dire qu’il est impossible que vous ayez une ame ? non sans doute ; & si cela est possible, n’est-il pas très-vraisemblable que vous en avez une ? pourriez-vous rejeter un systême si beau & si nécessaire au genre humain ? & quelques difficultés vous rebuteront-elles ?

KOU

Je voudrais embrasser ce systême, mais je voudrais qu’il me fût prouvé. Je ne suis pas le maître de croire quand je n’ai pas d’évidence. Je suis toujours frappé de cette grande idée que Dieu a tout fait, qu’il est partout, qu’il pénètre tout, qu’il donne le mouvement & la vie à tout ; & s’il est dans toutes les par