Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 1.djvu/147

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KOU

J’en ai déjà, & de bons, qui m’avertissent de mes défauts ; je me donne la liberté de reprendre les leurs ; ils me consolent, & je les console ; l’amitié est le baume de la vie, il vaut mieux que celui du chimiste Érueil, & même que les sachets du grand Hanourd. Je suis étonné qu’on n’ait pas fait de l’amitié un précepte de religion ; j’ai envie de l’insérer dans notre rituel.

CU-SU

Gardez-vous-en bien, l’amitié est assez sacrée d’elle-même, ne la commandez jamais, il faut que le cœur soit libre, & puis, si vous faisiez de l’amitié un précepte, un mystère, un rite, une cérémonie, il y aurait mille bonzes qui en prêchant & en écrivant leurs rêveries, rendraient l’amitié ridicule, il ne faut pas l’exposer à cette profanation.

Mais comment en userez-vous avec vos ennemis ? Confutzée recommande en vingt endroits de les aimer ; cela ne vous paraît-il pas un peu difficile ?

KOU

Aimer ses ennemis ! Eh mon Dieu, rien n’est si commun.

CU-SU

Comment l’entendez-vous ?

KOU

Mais comme il faut, je crois, l’entendre