Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 1.djvu/164

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loquence sage ; comment comptez-vous prêcher devant des gens de campagne ?

TÉOTIME

Comme je prêcherais devant les rois ; je parlerai toujours de morale, & jamais de controverse ; Dieu me préserve d’approfondir la grace concomitante, la grace efficace, à laquelle on résiste, la suffisante qui ne suffit pas ; d’examiner si les anges qui mangèrent avec Abraham & avec Loth avaient un corps, ou s’ils firent semblant de manger ; il y a mille choses que mon auditoire n’entendrait pas, ni moi non plus. Je tâcherai de faire des gens de bien, & de l’être, mais je ne ferai point de théologiens, & je le serai le moins que je pourrai.

ARISTON

O le bon curé ! Je veux acheter une maison de campagne dans votre paroisse. Dites-moi, je vous prie, comment vous en userez dans la confession ?

TÉOTIME

La confession est une chose excellente, un frein aux crimes, inventé dans l’antiquité la plus reculée ; on se confessait dans la célébration de tous les anciens mystères ; nous avons imité & sanctifié cette sage pratique ; elle est très-bonne pour engager les cœurs ulcérés de haine à pardonner, & pour faire rendre par les petits voleurs ce qu’ils peuvent avoir dérobé à leur prochain. Elle a quelques inconvéni