Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 1.djvu/196

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ne peut dissimuler qu’il ne se rendît d’abord indigne des faveurs du ciel, par le meurtre de tous ses proches, de sa femme & de son fils.

On peut douter de ce que Zozime rapporte à ce sujet. Il dit que Constantin agité de remords, après tant de crimes, demanda aux pontifes de l’empire, s’il y avait quelques expiations pour lui, & qu’ils lui dirent qu’ils n’en connaissaient pas. Il est bien vrai qu’il n’y en avait point eu pour Néron, & qu’il n’avait osé assister aux sacrés mystères en Grèce. Cependant, les tauroboles étaient en usage ; & il est bien difficile de croire qu’un empereur tout-puissant n’ait pu trouver un prêtre qui voulût lui accorder des sacrifices expiatoires. Peut-être même est-il encor moins croyable que Constantin occupé de la guerre, de son ambition, de ses projets, & environné de flatteurs, ait eu le temps d’avoir des remords. Zozime ajoute qu’un prêtre égyptien arrivé d’Espagne, qui avait accès à sa porte, lui promit l’expiation de tous ses crimes dans la religion chrétienne. On a soupçonné que ce prêtre était Ozius évêque de Cordoue.

Quoi qu’il en soit, Constantin communia avec les chrétiens, bien qu’il ne fût jamais que catéchumène, & réserva son baptême pour le moment de sa mort. Il fit bâtir sa ville de Constantinople, qui devint le centre de l’empire & de la religion chrétienne. Alors l’Église prit une forme auguste.