Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 1.djvu/237

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’Espagne & l’Italie ensemble.

L’abbé de Bourzeis n’avait pas voyagé. Au reste, son ouvrage fourmille d’anachronismes & d’erreurs ; il fait signer le cardinal de Richelieu d’une manière dont il ne signa jamais, ainsi qu’il le fait parler comme il n’a jamais parlé. Au surplus, il emploie un chapitre entier à dire que la raison doit être la règle d’un État, & à tâcher de prouver cette découverte ; cet ouvrage de ténèbres, ce bâtard de l’abbé de Bourzeis a passé longtemps pour le fils légitime du cardinal de Richelieu, & tous les académiciens, dans leurs discours de réception, ne manquaient pas de louer démesurément ce chef-d’oeuvre de politique.

Le sieur Gratien de Courtils voyant le succès du Testament politique de Richelieu, fit imprimer à la Haye le Testament de Colbert, avec une belle lettre de M. Colbert au roi. Il est clair que si ce ministre avait fait un pareil testament, il eût fallu l’interdire ; cependant ce livre a été cité par quelques auteurs. Un autre gredin, dont on ignore le nom, ne manqua pas de donner le Testament de Louvois, plus mauvais encor, s’il se peut, que celui de Colbert ; & un abbé de Chévremont fit tester aussi Charles duc de Lorraine. Nous avons eu les Testaments politiques du cardinal Albéroni, du maréchal de Belle-Isle, & enfin, celui de Mandrin.

M. de Boisguilebert, auteur du Détail de la France, imprimé en 1695, donna le projet inexécutable de la dîme royale, sous le nom du maréchal de Vauban.

Un fou nommé la Jonchère, qui n’avait pas de pain, fit en 1720 un projet de finance en quatre volumes, & quelques sots ont cité cette production, comme un ouvrage de la Jonchère le trésorier général, s’imaginant qu’un