Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 1.djvu/280

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Les Phéniciens, les Chaldéens, les Indiens, disaient que Dieu avait fait le monde en six temps, que l’ancien Zoroastre appelle les six gahambârs si célèbres chez les Perses.

Il est incontestable que tous ces peuples avaient une théologie avant que la horde juive habitât les déserts d’Oreb & de Sinaï, avant qu’elle pût avoir des écrivains. Il est donc de la plus grande vraisemblance que l’histoire des six jours est imitée de celle des six temps.

« Du lieu de volupté sortait un fleuve qui arrosait le jardin, & de là se partageait en quatre fleuves ; l’un s’appelle Phison, qui tourne dans le pays d’Évilath où vient l’or… Le second s’appelle Gehon, qui entoure l’Éthiopie… Le troisième est le Tigre, & le quatrième l’Euphrate. »

Suivant cette version le paradis terrestre contenait près du tiers de l’Asie & de l’Afrique. L’Euphrate & le Tigre ont leur source à plus de soixante grandes lieues l’un de l’autre, dans des montagnes horribles qui ne ressemblent guère à un jardin. Le fleuve qui borde l’Éthiopie, & qui ne peut être que le Nil ou le Niger, commence à plus de sept cents lieues des sources du Tigre & de l’Euphrate ; & si le Phison est le Phase, il est assez étonnant de mettre au même endroit la source d’un fleuve de Scythie & celle d’un fleuve d’Afrique.

Au reste, le jardin d’Éden est visiblement pris des jardins d’Éden à Saana dans l’Arabie heureuse, fameuse