Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 2.djvu/146

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vous nous venez dire au bout de quarante ans que Dieu a eu un soin particulier de nos pères !

Voilà ce que ces Juifs murmurateurs, ces enfans injustes des Juifs vagabonds, morts dans les déserts, auraient pu dire à Moïse, s’il leur avait lu l’Exode & la Genèse. Et que n’auraient-ils pas dû dire & faire à l’article du veau d’or ? Quoi ! vous osez nous conter que votre frère fit un veau pour nos pères, quand vous étiez avec Dieu sur la montagne ; vous qui tantôt nous dites que vous avez parlé à Dieu face à face & tantôt que vous n’avez pu le voir que par derrière ! Mais enfin, vous étiez avec ce Dieu, & votre frère jette en fonte un veau d’or en un seul jour, & nous le donne pour l’adorer ; & au lieu de punir votre indigne frère, vous le faites notre pontife, & vous ordonnez à vos lévites d’égorger vingt-trois mille hommes de votre peuple ; nos pères l’auraient-ils souffert ? se seraient-ils laissé assommer comme des victimes par des prêtres sanguinaires ? Vous nous dites que non content de cette boucherie incroyable, vous avez fait encor massacrer vingt-quatre mille de vos pauvres suivants, parce que l’un d’eux avait couché avec une Madianite ; tandis que vous-même avez épousé une Madianite ; & vous ajoutez que vous êtes le plus doux de tous les hommes. Encore quelques actions de cette douceur, & il ne serait plus resté personne.

Non, si vous aviez été capable d’une telle cruauté,