Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 2.djvu/190

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que je chasse les démons, par qui vos enfans les chassent-ils ?

On ne sait point en quel temps les Juifs reconnurent pour prince des démons Belzebuth, qui était un dieu étranger ; mais on sait, (et c’est Joseph qui nous l’apprend) qu’il y avait à Jérusalem des exorcistes préposés pour chasser les démons des corps des possédés, c’est-à-dire, des hommes attaqués de maladies singulières, qu’on attribuait alors dans une grande partie de la terre à des génies malfaisants.

On chassait donc ces démons avec la véritable prononciation de Jehovah aujourd’hui perdue, & avec d’autres cérémonies aujourd’hui oubliées.

Cet exorcisme par Jehovah ou par les autres noms de Dieu était encor en usage dans les premiers siècles de l’Église. Origène en disputant contre Celse, lui dit, n° 262 : « Si en invoquant Dieu, ou en jurant par lui on le nomme le dieu d’Abraham, d’Isaac & de Jacob, on fera certaines choses par ces noms, dont la nature & la force sont telles, que les démons se soumettent à ceux qui les prononcent ; mais si on le nomme d’un autre nom, comme dieu de la mer bruyante, supplantateur, ces noms seront sans vertu. Le nom d’Israël traduit en grec ne pourra rien opérer, mais prononcez-le en hébreu, avec les autres mots requis, vous opérerez la conjuration. »

Le même Origène au nombre 19, dit ces paroles