Page:Voltaire - Dictionnaire philosophique portatif, 6e édition, tome 2.djvu/239

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depuis l’Euphrate jusqu’à l’Oxus était appelée Kish Ibrahim, Millat Ibrahim. C’est ce que toutes les recherches faites sur les lieux par le savant Hide nous confirment.

Les Juifs firent donc de l’Histoire & de la fable ancienne, ce que leurs fripiers font de leurs vieux habits, ils les retournent & les vendent comme neufs le plus chérement qu’ils peuvent.

C’est un singulier éxemple de la stupidité humaine que nous ayons si longtemps regardé les Juifs comme une nation qui avait tout enseigné aux autres, tandis que leur Historien Joseph avoue lui-même le contraire.

Il est difficile de percer dans les ténèbres de l’antiquité ; mais il est évident que tous les Royaumes de l’Asie étaient très-florissants avant que la horde vagabonde des Arabes appelés Juifs, possédât un petit coin de terre en propre, avant qu’elle eût une ville, des loix & une religion fixe. Lors donc qu’on voit un ancien rite, une ancienne opinion établie en Égypte ou en Asie, & chez les Juifs, il est bien naturel de penser que le petit peuple nouveau, ignorant, grossier, toujours privé des arts, a copié, comme il a pu, la nation antique, florissante & industrieuse.

C’est sur ce principe qu’il faut juger la Judée, la Biscaye, Cornouailles, Bergame, le païs d’Arlequin &c. : certainement la triomphante Rome n’imita rien de la Biscaye, de Cornouailles, ni de Bergame ; & il faut être