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X.

Nous avons repris le gouvernement municipal, tel à peu près qu’il l’étoit ſous les Romains, & il a été illuſtré & affermi par cette liberté de notre ſang. Nous n’avons point connu cette diſtinction odieuſe & humiliante de nobles & de roturiers, qui dans ſon origine ne ſignifie que Seigneurs & eſclaves. Nés tous égaux, nous ſommes demeurés tels : & nous avons donné les dignités, c’eſt-à-dire les fardeaux publiques, à ceux qui nous ont paru les plus propres à les ſoutenir.

X.

L’égalité eſt l’ame d’un Gouvernement populaire : plus il rapproche les rangs des Citoyens, moins il laiſſe d’ouverture à la jalouſie & aux diſſentions. Si malgré la ſageſſe de ſes diſpoſitions, les diviſions s’élevent, c’eſt que les meilleurs réglemens ne peuvent pourvoir à tous les cas. Les Loix laiſſent toujours quelque choſe à faire à ceux qui en ſont dépoſitaires. Le but que nous nous ſommes propoſé, ne nous permet pas d’aller plus loin ſur ce ſujet. Cependant nous obſerverons que la forme de l’adminiſtration de la République avant la révolution de 1535. différoit peu de celle qu’elle a pris après cet événement, & que ſous le régne des Evêques l’on ne voit point qu’il y ait eu des diſputes entre les différents ordres qui la compoſent, ou s’il en eſt arrivé, elles ne font pas de ſenſation dans l’hiſtoire. Alors comme aujourd’hui les Citoyens étoient libres, de plus ils étoient Catholiques. L’intérêt de la liberté, le bien