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mes aujourd’hui. Nous couchions dans des galetas, nous mangions ſur des aſſiettes de bois dans nos cuiſines ; notre Evêque avoit ſeul de la vaiſſelle d’argent, & marchoit avec quarante chevaux dans ſon Dioceſe qu’il appelloit ſes Etats. Aujourd’hui nous avons des Citoyens qui ont trois fois ſon revenu, & nous poſſédons à la Ville & à la Campagne des maiſons beaucoup plus belles que celle qu’il appelloit ſon palais dont nous avons fait les priſons.

ſeulement que les Villes ſe ſont enrichies dépuis que le commerce a acquis plus d’étendue.


L.

La moitié du terrein de la Suiſſe eſt compoſée de rochers & de précipices, l’autre eſt peu fertile ; mais quand des mains libres conduites enfin par des eſprits éclairés ont cultivé cette terre, elle eſt devenue floriſſante. Le païs du Pape au contraire, depuis Orviette juſqu’à Terracine, dans l’eſpace de plus de cent vingt milles de chemin, eſt inculte, inhabité & devenu mal-

L.

Nous ſouhaiterions que la plume de l’Auteur eut la vertu de transformer la Suiſſe & de lui donner ce qu’elle n’a pas.

Les Helvétiens devenus libres en 1308. n’ont pu changer la nature de leur terroir. Jamais ſon produit n’a pu ſuffire à l’entretien des Habitans. Ainſi leur pays ne fait pas un contraſte bien marqué avec les Etats de l’Egliſe. Ceux-ci pourroient être mieux cultivés & plus peuplés ; l’on en convient. L’induſtrie & l’activité