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dit préciſément tout le contraire. Voici ſes paroles au chap. 4. „ On peut dire hardiment que de deux perſonnes dont le mérite eſt égal, celle qui eſt la plus aiſée en ſes affaires eſt préférable à l’autre, étant certain qu’il faut qu’un pauvre Magiſtrat ait l’ame d’une trempe bien forte, ſi elle ne ſe laiſſe quelquefois amollir par la conſidération de ſes intérêts. Auſſi l’expérience nous apprend que les riches ſont moins ſujets à concuſſion que les autres, & que la pauvreté contraint un pauvre officier à être fort ſoigneux du revenu du ſac. “

LIV.

Monteſquieu, il faut l’avouer, ne cite pas mieux les auteurs Grecs que les Français. Il leur fait ſouvent dire à tous le contraire de ce qu’ils ont dit.

Il avance en parlant de la condition des femmes dans les divers Gouvernements, ou plûtôt en promettant d’en parler, que chez les Grecs, (Liv. VII. chap. 10.) l’amour n’avoit qu’une forme que l’ont n’oſe dire. Il n’héſite pas à prendre Plutarque même pour ſon garant. Il fait dire à Plutarque que les femmes n’ont aucune part au veritable amour. Il ne fait pas réflexion que Plutarque fait parler pluſieurs interlocuteurs ; il y a un Ptotogene qui

LIV.

Le goût de l’Auteur devoit naturellement déterminer ſa critique à juſtifier Plutarque & à venger l’eſprit de la Grece ſur l’amour des femmes. Il eſt néanmoins certain qu’avant la Loi du mariage établie par Cecrops, l’amour conjugal n’étoit guere connu des Athéniens.