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FEMME.


qu’il ne l’est en effet, et la félicité est un état dont on parle plus qu’on ne l’éprouve.

Ce mot ne se dit guère en prose au pluriel, par la raison que c’est un état de l’âme, comme tranquillité, sagesse, repos ; cependant la poésie, qui s’élève au-dessus de la prose, permet qu’on dise dans Polyeucte :

Où leurs félicités doivent être infinies.

(Acte IV, scène v.)

Que vos félicités, s’il se peut, soient parfaites !

(Zaïre, I, i.)

Les mots, en passant du substantif au verbe, ont rarement la même signification. Féliciter, qu’on emploie au lieu de congratuler, ne veut pas dire rendre heureux ; il ne dit pas même se réjouir avec quelqu’un de sa félicité : il veut dire simplement faire compliment sur un succès, sur un événement agréable ; il a pris la place de congratuler, parce qu’il est d’une prononciation plus douce et plus sonore.


FEMME[1].
Physique et morale.

En général elle est bien moins forte que l’homme, moins grande, moins capable de longs travaux ; son sang est plus aqueux, sa chair moins compacte, ses cheveux plus longs, ses membres plus arrondis, les bras moins musculeux, la bouche plus petite, les fesses plus relevées, les hanches plus écartées, le ventre plus large. Ces caractères distinguent les femmes dans toute la terre, chez toutes les espèces, depuis la Laponie jusqu’à la côte de Guinée, en Amérique comme à la Chine.

Plutarque, dans son troisième livre des Propos de table, prétend que le vin ne les enivre pas aussi aisément que les hommes ; et voici la raison qu’il apporte de ce qui n’est pas vrai. Je me sers de la traduction d’Amyot[2].

  1. Questions sur l’Encyclopédie, sixième partie, 1771. (B.)

    — Voltaire eut toujours sur le cœur l’article Femme de Desmahis, qui avait paru dans l’Encyclopédie. « Il semble que cet article soit fait par le laquais de Gil Blas, » disait-il. Il écrivit donc celui-ci pour effacer le ridicule de l’autre dans les Questions sur l’Encyclopédie. (G. A.)

  2. Voltaire ne citait pas tout à fait le texte d’Amyot. Ce texte a été rétabli par des éditeurs qui m’ont précédé. (B.)