Page:Von Kotzebue - Souvenirs de Paris en 1804, tome 1.djvu/132

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DE PARIS. 113 outre ce monument est dégradé, et fort mal entretenu. Puisque nous avons été trompés dans notre attente (I), tâchons de nous en dédommager en jetant un coup-d’œil sur le marché même, qui par sa grandeur et par le mouvement continuel qui s’y fait, est bien plus intéressant (2) qu’un monument inutile

(I) Quoique plusieurs historiens fassent remonter l’existence de cette fontaine au-delà du douzième siècle nous nous arrêterons à l’opinion la plus accréditée et nous ne partirons que de l’époque où elle est devenue fameuse. Elle fut bâtie, en 1550, par les soins et d’après les dessins de Jean Gougeon, l’un des preiniers et des plus habiles sculpteurs que la France ait eus ; il n’y a rien à Paris qui surpasse ce morceau, sur-tout pour la grace, l’élégance des contours, et la légèreté des figures : il suffirait seul pour illustrer une ville, du moins nous l’avons cru jusqu’à présent ; mais M. Kotzebue nous apprend que nous sommes, à cet égard, dans la même erreur que pour la fontaine de Grenelle. Aussi j’espère qu’au lieu de restaurer ce beau monument ( comme on a la bonté de le faire ), on voudra bien au contraire donner au plutôt des ordres pour le détruire, afin que la vue de notre illustre voyagenr ne soit plus offusquée à l’avenir par ce triste amas de pierres qui le gêne, et l’empêche de jouir à son aise du magnifique coup-d’oeil des parapluies rouges de nos marchandes de pommes. (2) Preuve de goût