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DE PARIS. 51

Tout le monde ici maudit la révolution. Est- ce par conviction ou par mode ? Cela n’empéche pas qu’on n’en ait conservé beaucoup d’usages. Par exemple, les hommes de la classe inférieure ne se découvrent plus ; les valets et les postillons entrent même dans votre chambre sans ôter leur chapeau, et sans vous saluer (I). Si ce n’était qu’une

(I) Malheureux que vous êtes ! comment pouviez-vous ignorer que vous aviez l’honncur de parler à M. le président Katzebue ? Humiliez-vous, faquins ; prosternez-vous devant ce grand homme. Quelle différence pour vous, M. Kotzebue, entre ce voyage-ci et celui que vous fites en Sibérie il y a quatre ans ! c’est là, comme vous nous l’apprenez dans votre Année mémorable, qu’on vous saluait, qu’on s’empressait au devant de vous ; c’est là que les paysans sortaient en foule de leurs humbles chaumières, et se précipitaient sur la route pour admirer de plus près le génie créateur et fécond qui fit répandre tant de larmes. C’est là que votre petit amour-propre fut délicieusement chatouillé en apprenant que vos pièces étaient jouées tous les jours avec un succès incroyable à Tobulsk, à Kurgan, et jusqu’au fond du Kamstchatka ; assez mal à la vérité ; mais que leur grand mérite, dites-vous naïvement, faisait passer sur le reste. Ah ! combien vous dûtes regretter cet heureux temps de votre exil, en vous trouvant en France, entouré