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DE PARIS

la plus grande précaution, est attaché par une petite chaine à un bouton de sa veste. Cependant je fus une fois témoin que ce malheureux, dans sa sécurité,

manqua d’écraser, contre un 

mur, toute sa richesse, sa tête et son violon, dans un coin où son pauvre squelette de chien, attiré par l’odcur d’un os, l’avait conduit. Mais parmi cette foule d’aveugles qui parcourent les rues en chantant, en jouant ou en sonnant, il n’y en a pas qui rassemblent plus de curieux que deux joueurs de piquet ; ils jouent toute la journée, non pas pour gagner l’argent l’un de l’autre, mais pour en recevoir de ceux qui les regardent. Avec quelle finesse de tact ils savent reconnaitre les cartes en lés tâtant ! Pour peu qu'il connaisse ce jeu, chaque passant s’y intéresse pendant quelques minutes, et le soir ces malheureux ne se lèvent jamais sans avoir gagné quelque chose. Mais éloignons-nous des aveugles, dont l’aspect ne peut qu'affliger ceux