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X
INTRODUCTION

ne le vit manger à sa faim. Il allait lui-même soigner les malades, dans les ruelles du port. Il s’était fait donner une liste des indigents et « les visitait du matin au soir, s’entretenant avec eux de leurs menues affaires ». Son revenu et celui de son église, qui, au dire de Muratori, était « des plus gras », tout allait aux pauvres. Pour avoir autrefois compilé avec attendrissement les histoires de saint Jean l’Aumônier, de saint Basile, et d’autres « fous de charité », ces grands saints avaient daigné permettre à leur biographe de leur ressembler. Et j’imagine que lui aussi, comme l’abbé Sérapion, aurait été heureux de vendre son évangile pour nourrir un mendiant : après quoi il aurait répondu à ceux qui se seraient avisés de le lui reprocher : « Ce livre me disait de vendre ce que j’avais pour en donner le prix aux pauvres. Or je n’avais plus que lui. Comment aurais-je pu m’empêcher de le vendre ? »

Avant de mourir, en 1298, il défendit qu’on privât les pauvres du prix de ses funérailles. Et il demanda que son corps, au lieu de reposer dans la cathédrale auprès de ceux des autres évêques, fût transporté dans l’Église de son ancien couvent, où on l’a, en effet, déposé, à gauche du chœur. Mais l’église de Saint-Dominique a été démolie, il y a quelques années : et parmi ce que l’on a conservé de ses débris, à l’Académie des Beaux-Arts et au Palais-Blanc, vainement j’ai cherché un vestige de la sépulture de Jacques de Voragine.


Je crois en revanche qu’on pourrait aisément,