Page:Voragine - Légende dorée.djvu/233

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de France, envoyé de la même façon, en otage. Pilate l’eut pour compagnon, et, le voyant supérieur à lui tant pour les mœurs que pour le talent, en fut jaloux et le tua. Et comme les Romains se demandaient ce qu’ils pourraient faire de lui, ils se dirent : « Un gaillard qui a déjà tué son frère et son compagnon peut être très utile à la république pour dompter ses ennemis ! » Ils l’envoyèrent donc, en qualité de juge, dans l’île de Pont, dont les habitants ne pouvaient supporter aucun juge. Et Pilate, sachant que sa vie était l’enjeu de ses succès, fit si bien, par les promesses et les menaces, par les récompenses et les supplices, qu’il dompta cette race, qu’on croyait indomptable. En souvenir de quoi il fut appelé Pilate le Pontien ou Ponce Pilate.

Or Hérode, en apprenant l’habileté de cet homme, l’invita à venir à Jérusalem, et lui transmit son pouvoir sur les Juifs. Mais Pilate, plus tard, obtint de Tibère, à force d’argent, de remplacer Hérode dans toute son autorité : ce qui eut pour effet de brouiller Pilate et Hérode, jusqu’au jour où celui-ci, pour se réconcilier, envoya à Pilate Notre-Seigneur Jésus.

Lorsque Pilate eut transmis Jésus aux Juifs pour le crucifier, il craignit que l’empereur Tibère ne s’offensât de ce qu’il avait condamné le sang innocent, et, pour se justifier, il envoya à l’empereur un de ses familiers. Tibère souffrait alors d’une grave maladie, et comme on lui disait qu’il y avait à Jérusalem un médecin qui, d’un seul mot, guérissait toutes les maladies, l’empereur (ignorant que ce médecin venait d’être mis à mort par Pilate), dit à un de ses familiers, nommé Volusien : « Va vite au-delà des mers, et dis à Pilate de m’envoyer ce médecin ! » Volusien se mit en route ; mais Pilate, effrayé, demanda un délai de quatorze jours.

Pendant ce temps Volusien, ayant rencontré une femme nommée Véronique, qui avait connu Jésus, lui demanda où il pourrait trouver celui-ci. Et Véronique lui dit : « Hélas, Jésus était mon maître et mon Dieu, mais Pilate, par envie, l’a condamné et fait crucifier ! » Volusien fut désolé et dit : « Je regrette de ne pouvoir pas