Page:Voragine - Légende dorée.djvu/441

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jetèrent à ses pieds, en disant : « Serviteur de Dieu, prête-nous ton aide ! car si ce que tu as prêché aujourd’hui est vrai, longtemps l’esprit d’erreur nous a aveuglées. » Et lui : « Ayez la constance d’attendre un moment, et vous verrez à quel dieu vous avez adhéré ! » Et elles virent s’élancer parmi elles un chat terrible, grand comme un chien, avec de gros yeux pleins de flammes, une langue énorme et sanguinolente descendant jusque sur son nombril, et une queue très courte, laissant à nu son derrière, dont sortait une puanteur intolérable. L’animal tourna plusieurs fois autour des femmes, et disparut enfin dans le clocher, grimpant le long de la corde d’une cloche. Et les femmes, ayant vu ce prodige, se convertirent à la-foi catholique.

Étant à Toulouse, Dominique vit un jour conduire au bûcher des hérétiques qu’il avait convaincus d’erreur. Et comme il reconnaissait parmi eux un homme appelé Raymond, il dit aux exécuteurs : « Sauvez celui-ci, de façon qu’il ne soit pas brûlé avec les autres ! » Puis, se tournant vers Raymond, il lui dit doucement : « Je sais, mon fils, qu’un jour tu deviendras un homme de bien et un saint ! » Et, en effet, l’hérétique, après avoir encore persisté dans son hérésie pendant vingt ans, se convertit et entra dans l’ordre des Prêcheurs, où il mena la vie la plus exemplaire.

Comme il était un jour au couvent de saint Sixte, à Rome, il eut une illumination divine après laquelle, convoquant le chapitre des frères, il leur annonça que quatre d’entre eux mourraient bientôt, deux quant au corps, et deux quant à l’âme. Et en effet, peu de temps après, deux des frères rendirent leur âme à Dieu et deux autres se défroquèrent.

Il y avait à Bologne un savant maître, nommé Conrad le Teuton, dont les frères souhaitaient vivement qu’il entrât dans leur ordre. Or, un soir que saint Dominique s’entretenait familièrement avec le prieur du monastère Cistercien de Casa Mariæ, il lui dit, entre autres choses : « Prieur, je vais t’avouer un secret dont je n’ai jamais fait part à personne, et dont je te prie, toi aussi,