Page:Voragine - Légende dorée.djvu/532

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combat. Et voilà qu’il rencontra, avant d’y arriver, des gens qui déjà en revenaient, et qui le félicitèrent de la valeur qu’il avait déployée. Cet éloge lui fut confirmé par tous ceux qui avaient assisté au tournoi ; et il y en eut même qui vinrent lui rappeler qu’il les avait défaits. Sur quoi cet homme, comprenant que la Reine des Cieux lui avait rendu sa politesse, raconta ce qui lui était arrivé, et, retournant au monastère, s’engagea depuis lors entièrement au service du Fils de la sainte Vierge.

III. Une veuve avait un fils unique qu’elle aimait tendrement. Apprenant que ce fils avait été pris par l’ennemi, enchaîné et mis en prison, elle fondit en larmes, et, s’adressant à la Vierge, pour qui elle avait un culte spécial, elle lui demanda avec insistance la libération de son fils. Mais quand elle vit enfin que ses prières restaient sans effet, elle se rendit dans une église ou se trouvait sculptée une image de Marie. Là, debout devant, l’image, elle dit : « Vierge sainte, je t’ai suppliée de délivrer mon fils, et tu n’as pas voulu venir au secours d’une malheureuse mère ; j’ai imploré ton patronage pour mon fils, et tu me l’as refusé ! Eh bien, de même que mon fils m’a été enlevé, de même je vais t’enlever le tien, et le garderai en otage ! » Ce que disant, elle s’approcha, prit la statue de l’enfant sur le sein de la Vierge, l’emporta chez elle, l’entoura d’un linge sans tache, et l’enferma sous clef dans un coffre, heureuse d’avoir un si bon otage du retour de son fils ; Or, la nuit suivante, la Vierge apparut au jeune homme, lui ouvrit la porte de sa prison, et lui dit : « Dis à ta mère, mon enfant, qu’elle me rende mon fils, maintenant que je lui ai rendu le sien ! » Le jeune homme vint donc retrouver sa mère, et lui raconta sa miraculeuse délivrance. Et elle, ravie de joie, s’empressa d’aller rendre à la Vierge l’enfant Jésus, en lui disant : « Je te remercie, dame céleste, de ce que tu m’aies restitué mon fils, et je te restitue le tien en échange ! »

IV. Il y avait un voleur qui commettait le plus de larcins qu’il pouvait, mais qui avait une grande dévotion pour la Vierge Marie, et ne cessait point de l’invoquer.