Page:Voragine - Légende dorée.djvu/533

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un jour, pris en flagrant délit, il fut condamné à être pendu. Et on le pendit en effet : mais aussitôt la Vierge Marie vint à son aide, et, pendant trois jours, le tint dans ses bras, de telle sorte que sa pendaison ne lui fit aucun mal. Le troisième jour, ceux qui l’avaient pendu, passant par hasard près de lui, furent surpris de le trouver vivant et la mine joyeuse. Ils pensèrent que la corde avait été mal attachée, et voulurent l’achever à coups d’épées ; mais la Vierge opposait sa main à leurs épées, et aucun de leurs coups n’atteignait le voleur. Celui-ci leur raconta enfin l’assistance qu’il avait reçue de la Vierge Marie, et eux, par amour pour Notre Dame, ils le relâchèrent. Et le voleur se fit moine, et, tant qu’il vécut, resta au service de la Mère de Dieu.

V. Un clerc, très dévot à la Vierge Marie, ne trouvait de plaisir qu’à chanter ses heures. Mais, ayant hérité de tous les biens de ses parents, il fut contraint par ses amis à prendre femme, et à gouverner son héritage. Il se mit donc en route pour célébrer ses noces ; mais en chemin, rencontrant une église, il y entra pour réciter les heures de la Vierge. Et voici que la Vierge lui apparut, le visage sévère, et lui dit : « Infidèle, pourquoi m’abandonnes-tu, moi ton amie et ta fiancée ? Pourquoi me préfères-tu une autre femme ? » Le clerc, plein de contrition, alla rejoindre ses compagnons, et, leur cachant ce qui lui était arrivé, laissa célébrer ses noces. Mais, au milieu de la nuit, il s’enfuit de sa maison, entra dans un monastère, et se voua tout entier au service de la Vierge Marie.

VI. Un bon prêtre de village ne célébrait jamais d’autre messe que celle de la Vierge. Dénoncé à son évêque, et mandé devant lui, il lui avoua qu’il ne savait pas d’autre messe que celle-là ; sur quoi l’évêque le blâma sévèrement, et le suspendit de son office. Mais la nuit suivante, la Vierge apparut à l’évêque, le gronda à son tour, lui demanda pourquoi il avait si mal traité son serviteur, et ajouta qu’il mourrait avant trente jours, si le pauvre prêtre n’était pas restitué dans sa fonction. Sur quoi l’évêque, épouvanté, fit revenir le prêtre, s’excusa devant