Page:Voragine - Légende dorée.djvu/570

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II. Certaine femme avait confié son fils à l’abbé du monastère de Saint-Maurice en Valais, où reposent les corps des saints martyrs. Le jeune homme mourut au milieu de ses études ; et sa mère, désespérée, le pleurait jour et nuit. Alors saint Maurice lui apparut et lui dit : « Ne pleure point ton fils comme s’il était mort, mais sache qu’il habite avec nous. Que si tu en désires une preuve, demain et tous les jours de ta vie lève-toi à temps pour assister aux matines : tu entendras la voix de ton fils parmi les voix des moines qui chantent les psaumes ! » Et en effet, la mère, tous les matins, entendit la voix de son fils mêlée à celle des moines.

III. Le roi Gontran qui, ayant renoncé aux pompes du monde, distribuait ses trésors aux pauvres et aux églises, envoya un prêtre à Saint-Maurice pour demander quelques reliques des saints légionnaires. Mais comme le prêtre revenait avec les reliques, une grande tempête s’éleva sur le lac de Lausanne, où le bateau qui le portait faillit périr ; mais il plaça sur les flots la châsse qui contenait les reliques, et aussitôt un grand calme succéda à la tempête.

IV. L’an du Seigneur 963, des moines, qui venaient de Rome et avaient obtenu du pape Jean les corps du pape saint Urbain et du martyr saint Tiburce, visitèrent en passant l’église des saints martyrs. Ils obtinrent de l’abbé et des moines d’emporter aussi le corps de saint Maurice et la tête de saint Innocent, pour les placer à Auxerre, dans l’église que saint Germain avait dédiée à ces deux saints.

V. Pierre Damien raconte qu’il y avait en Bourgogne un clerc orgueilleux et ambitieux qui s’était emparé par force d’une église de saint Maurice. Et comme, un jour, à la fin de la messe, il entendait chanter que « quiconque s’élève sera abaissé », le misérable s’écria : « C’est faux, car, si je m’étais humilié devant mes ennemis, je ne posséderais pas aujourd’hui une aussi riche église ! » Mais aussitôt la foudre, pareille à un glaive de feu, pénétra dans la bouche qui venait de prononcer ce blasphème ; et le mauvais clerc fut tué sur-le-champ.