Page:Voragine - Légende dorée.djvu/600

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oiseaux l’empêchait d’entendre sa voix et celle de son compagnon, il leur dit : « Chères sœurs, chantez moins fort, jusqu’à ce que nous ayons fini notre office ! » Et les oiseaux obéirent ; et, quand il eut achevé ses laudes, il leur donna de nouveau la permission de chanter à leur aise. Une autre fois, rencontrant sur la route une troupe d’oiseaux, il les salua tendrement et leur dit : « Mes frères les oiseaux, vous avez bien des raisons de louer votre créateur, qui vous a revêtus de plumes, vous a donné des ailes pour voler, a fait pour vous la pureté de l’air, et gouverne votre vie sans vous en imposer le souci ! » Aussitôt les oiseaux commencèrent à tendre le cou vers lui, et l’écoutèrent avec grande attention. Et pas un seul ne s’envola avant qu’il eût achevé de parler.

Il avait une grave maladie d’yeux, et l’aggravait encore par ses larmes. Et comme ses frères l’engageaient à moins pleurer, pour épargner sa vue, il leur dit : « Comment pourrais-je, par amour pour la lumière terrestre, qui nous est commune avec les mouches, renoncer au spectacle de la lumière éternelle ? »

Il préférait s’entendre blâmer que louer ; et il avait demandé à un de ses frères que, dès que le peuple faisait l’éloge de sa sainteté, ce frère lui répétât dans l’oreille les pires injures. Et comme ce frère, bien malgré lui, le traitait de rustre inutile et stupide, François tout joyeux, lui disait : « Que Dieu te bénisse, car ce que tu dis là est bien vrai, et voilà les choses que je mérite d’entendre ! » Ce parfait serviteur de Dieu préférait aussi servir que commander, obéir qu’ordonner. Il s’était constitué un gardien, à la volonté duquel il se soumettait aveuglément. Au frère qui l’accompagnait dans sa route, il avait toujours soin de promettre obéissance ; et c’était toujours lui qui le servait.

Un jour qu’il passait par la Pouille, il trouva, à terre, une bourse qui paraissait gonflée de deniers. Son compagnon voulait la ramasser, pour en distribuer le contenu aux pauvres, mais François lui dit : « Mon cher fils, nous n’avons pas le droit de prendre le bien d’autrui ! » Cependant, comme le frère insistait, François lui permit