Page:Voragine - Légende dorée.djvu/738

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lieu pour signifier qu’un pape doit changer de vie et devenir parfait ; en troisième lieu pour empêcher qu’un homme occupant une fonction si belle soit forcé de porter un vilain nom.

C’est sous le règne de l’empereur Louis qu’à Brescia, en Italie, on vit pleuvoir du sang pendant trois jours et trois nuits. Vers le même temps d’innombrables sauterelles envahirent la Gaule, ayant six paires d’ailes, six pieds et deux dents dures comme des pierres. Elles traversèrent tout le royaume, détruisant partout la végétation, jusqu’à ce qu’enfin une tempête les noya dans la mer de Bretagne ; mais leurs cadavres, rejetés sur le rivage, amenèrent, en pourrissant, une peste qui fit mourir le tiers de la population.

Les empereurs allemands. IV. En l’an 938, l’empire échut à Othon Ier. Celui-ci, un jour de Pâques, avait fait préparer un grand repas pour les princes, ses vassaux. Et le petit garçon d’un de ces princes, ayant pris un plat sur la table, fut renversé à terre, d’un coup de bâton, par l’officier qui portait les plats. Lé précepteur de l’enfant tua aussitôt cet officier ; et, comme l’empereur voulait le condamner sans jugement, cet homme le renversa lui-même et voulut l’étrangler. Mais Othon, arraché de ses mains, pardonna au précepteur, disant que lui-même avait été coupable de n’avoir pas respecté le caractère sacré de la fête.

À Othon Ier succéda Othon II. Celui-ci, apprenant que les Italiens violaient souvent la paix, vint à Rome, et y offrit un grand banquet, sur les marches de l’église, à tous les princes et prélats de la ville. Et, pendant qu’ils mangeaient, l’empereur les fit tous charger de chaînes ; puis, leur reprochant amèrement la violation de la paix, il fit trancher la tête à ceux qui étaient coupables, et permit aux autres d’achever leur repas.

Il eut pour successeur, en l’an 984, Othon III, surnommé Merveille du Monde. Ce prince avait une femme qui voulait se prostituer à un certain comte. Et comme celui-ci se refusait à un tel crime, elle le noircit auprès de l’empereur, qui le fit décapiter sans jugement. Mais le comte, avant de subir sa peine, pria sa femme