Page:Voragine - Légende dorée.djvu/745

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rapport à cette fête, trois questions : 1o pourquoi doit-on « dédier » ou consacrer une église ? 2o comment se fait cette consécration ? 3o par qui et comment une église est-elle profanée ?

1o Il y a, dans une église, deux choses que l’on doit consacrer, à savoir l’autel et le temple lui-même. L’autel est consacré pour trois motifs : 1o Pour devenir digne de recevoir le sacrement du Seigneur, c’est-à-dire le corps et le sang du Christ, que nous immolons en souvenir de sa passion, ainsi qu’il nous l’a lui-même ordonné. Et c’est encore pour nous rappeler cette passion et ce sacrement qu’on place sur l’autel, et dans toute l’église, l’image du crucifix et d’autres images, afin qu’elles soient comme les livres des fidèles laïcs. 2o Pour devenir digne de servir de lieu à l’invocation du nom du Seigneur. Cette invocation, quand elle se fait sur l’autel, s’appelle proprement missa, messe, en raison de la mission céleste du Christ dans l’hostie. Et nous devons noter, à ce propos, que la messe se chante en trois langues, en grec, en hébreu, et en latin, en souvenir de la triple inscription mise sur la croix, et aussi pour signifier que toutes les langues doivent célébrer Dieu. Latins sont l’évangile, l’épître, l’oraison et le chant ; grecs sont les mots Kyrie eleison, Christe eleison, qui se chantent neuf fois en souvenir des neuf ordres des anges ; enfin hébreux sont les mots alleluia, amen, sabaoth, et hosanna. 3o Pour devenir digne de servir de lieu au chant religieux. Ce chant lui-même est de trois sortes : les psaumes, les leçons, et les chants proprement dits.

Quant au temple où se trouve l’autel, l’Église le consacre pour cinq motifs : 1o pour en chasser le diable et son pouvoir. Saint Grégoire rapporte dans un de ses Dialogues que, lorsque les reliques de saint Sébastien et de sainte Agathe furent déposées dans une église qui avait servi de temple à l’hérésie arienne, la foule vit un porc courir, çà et là, se frayant un chemin vers la porte ; et dès qu’il eût atteint la porte il disparut. La nuit suivante, on entendit, dans le toit de cette église, un bruit effroyable, comme si quelqu’un courait çà et là, cher-