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12e Tableau


Ce brouillard se dissipe et le théâtre représente des grottes de coraux.


Scène Unique

Valdemar, Volsius, Tartelet, Ox, Georges, Éva.

Valdemar (demi évanoui, revenant à lui) : Où suis-je ?

Éva : En lieu de sûreté.

Georges : Vous n’avez plus rien à redouter.

Valdemar : Bien vrai ?… Ah ! monsieur ! Ah ! mes amis !…

Volsius : Vous voila tout-à-fait rassuré.

Valdemar (éperdu et pleurant) : Oui, oui, tout-à-fait. Je veux m’en aller ! je veux m’en aller !

Éva : Vous avez eu bien peur, M. Valdemar.

Valdemar : Oh ! oui, mademoiselle. Oh ! oui…j’ai éprouvé de très nombreuses peurs dans ma vie, je crois même pouvoir dire sans me vanter que personne n’a jamais eu plus de peurs que moi… Mais des peurs pareilles à celle-ci… Ah ! jamais. Ah ! jamais… je demande à m’en aller.

Volsius : Mais, je vous Je répète, ici au milieu de ces bancs de corail, sous une telle pression, vous êtes a l’abri de tous les monstres marins.

Valdemar : C’est possible, mais j’aime mieux m’en aller.

Volsius : Rien ne vous retient plus, je pense. Nous sommes arrivés aux dernières profondeurs de la mer.

Éva : Et c’est d’ici sans doute que nous allons remonter vers la terre ?

Ox : Remonter vers la terre, pas encore.

Georges : Reste-t-il dans ces bas-fonds des merveilles inconnues, des mystères qui n’aient point été pénétrés jusqu’a ce jour ?

Volsius : Aucun, je l’atteste.

Ox : Et moi j’atteste le contraire. Ici peuvent arriver et vivre tous les hommes pour quelques instants du moins ! Ici, c’est presque le possible… Mais avançons encore et l’impossible se dressera devant tes yeux, et le passé, l’irrévocable passé lui-même va surgir et se reconstituer devant toi.

Tous : Le passé ?

Ox : Voyez ces formes indécises, ces objets qui se dessinent confusément dans le lointain des eaux.

(Des lignes indiquant vaguement les ruines d’une ville engloutie apparaissent confuses).

Georges : Qu’est-ce donc ?

Ox : Demandez au Capitaine Nemo. Il vous dira ce que cela est, lui qui a tant de fois parcouru ces mers.

Volsius : Là était autrefois l’Atlantide l’immense continent de Platon, plus grand que l’Afrique et l’Asie réunies. En une nuit et un jour, il disparut sous les mers par suite de quelque cataclysme effroyable.

Georges : L’Atlantide ?

Ox : Oui, l’Atlantide, où vécu le peuple fameux des Atlantes ! dont la domination s’imposa a presque toute la terre, qui prêta son appui aux Titans pour escalader le ciel et en chasser les dieux ! Eh ! bien, parle, veux-tu fuir au moment de mettre le pied sur ce continent qu’aucun être humain ne pourra jamais revoir… ?

Georges : Non ! non !… Mais ce ne sont que des ruines informes.

Ox : Les ruines de Makhimos, l’une des plus célèbres capitales de l’Atlantide, qui va ressusciter et remonter pour toi à la surface des mers !…

Le décor change