Page:Voyage à travers l’Impossible.djvu/52

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est arrivée, je n’étais qu’à quinze cents lieues de Babichok !…

Tartelet : Que voulez-vous ?… c’est un petit oubli !…

Valdemar : Il appelle cela un petit oubli ! Quand Babichok m’attend, quand elle est libre, veuve, étranglée… c’est-à-dire lui… Finderup !… Mais savez-vous bien, Monsieur, que j’ai le droit de vous rendre responsable de tout ce qui peut arriver ?

Tartelet : Responsable !… Moi… Allons donc !…

Valdemar (avec colère) : Si elle en épouse un autre… vous chargerez-vous de l’étrangler, celui-là, Monsieur ?

Tartelet : M. Valdemar, je vous conseille de me parler sur un ton plus convenable, ou sinon !…

Valdemar : Ou sinon !… quoi… quoi… quoi ?

Tartelet : M. Valdemar, prenez garde !

Valdemar : Prenez garde vous-même, et n’oubliez pas que sur cette planète, ma force est décuplée !…

Tartelet : La mienne aussi, je suppose !… Et la preuve…V’lan !… Tant pis ça y est !

(Il lui envoie un vigoureux coup dans le derrière. Valdemar s’élève à 2 mètres du sol.)

Valdemar : Hein… Qu’est-ce que cela veut dire ? (il retombe).

Tartelet (riant) : Ah !… ah !… ah !… Le manque d’attraction. Les pieds en dehors, Monsieur, les pieds en dehors !

Valdemar : Ah ! Scélérat ! (Il lui envoie à son tour un coup de pied pareil.)

Tartelet (s’enlevant de même) : Ah !… (il retombe).

Valdemar : Le manque d’attraction, Monsieur, le manque d’attraction ! Ah ! chut ! du monde !


Scène V

Les mêmes, Éva, puis Ox.
(Éva sous le costume d’une jeune Altorienne sort de l’habitation.)

Éva : La maison de mon père vous est ouverte, messieurs.

Tartelet : La maison de votre… Ah ! oui pardon !… mademoiselle !

Éva : Vos amis vous attendent.

Valdemar : Nous allons les retrouver.

Tartelet (menaçant) : Quand vous voudrez, Monsieur ! (Ils se rencontrent à la porte.)

Valdemar (d’un air aimable) : Après vous !

Tartelet (même jeu) : Passez donc !

Valdemar (idem) : Je n’en ferai rien.

Tartelet : Par obéissance, alors.

(Ils entrent en même temps.)

Éva (rêveuse) : Bientôt, m’a dit mon mystérieux protecteur, la raison de Georges renaîtra ; mais pour la dernière fois, peut-être !… Et c’est ici sans doute que notre cruel ennemi lui fera subir une épreuve. Celle qui doit le perdre sans retour ! Oh ! je ne veux pas plus longtemps rester une étrangère à ses yeux ; c’est pour partager ses dangers que je l’ai suivi… Je me ferai reconnaître par lui, mais par lui seul… Vainement, les regards de ce docteur Ox sont demeurés attachés sur moi… non, non ! il ne m’a pas reconnue lui !

Ox : La voilà !… c’est bien elle !…

Éva : Allons !… Lui !


Scène VI

Éva, Ox.

Ox : Un seul instant, je vous prie.

Éva : Mon père m’attend, permettez !…

Ox : L’homme qui est là n’est pas votre père et je vous ai reconnue !

Éva : Moi, je ne vous connais pas !

Ox : J’ignore quel pouvoir, quel miracle vous a conduite ici, mais vous êtes Éva… et vous savez que moi…

Éva : Je ne vous connais pas, vous dis-je !

Ox : Eh bien… soit, je me trompais, et en vérité je ne le regrette pas. Il m’eût été pénible que la jeune fille dont je vous parle fût témoin de ce qui va se passer ici.

Éva : Ce qui va se passer !

Ox : Il m’eût été pénible, dis-je, qu’elle assistât non plus à la démence, mais à la mort de son fiancé.

Éva (s’oubliant) : Il va mourir !… Georges !…

Ox (avec force) : Vous voyez bien, que je ne me trompais pas.

Éva : Eh bien ! oui, je me suis trahie… oui, je suis Éva… Mais qu’attendez-vous de cet aveu que vous m’avez arraché, que me voulez-vous enfin ?

Ox : Je veux une dernière fois tenter de vous fléchir et d’attendrir votre cœur…

Éva : Et votre cœur à vous s’est-il donc attendri ? Avez-vous donc cessé de me persécuter ?

Ox : Ce n’est pas toi !… c’est lui !… lui, mon rival détesté…

Éva : Mais, lui, c’est toute ma vie.

Ox : Ne me dis pas cela !