Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

par l’enchaînement abstrait de conceptions, mais par l’expérience visible du sentiment, donc par un choc, un mouvement de son propre moi et qui lui fait gravir ainsi le dernier échelon vers la plus haute perfection. L’instigateur de cette ascension est Ananda, qui est encore plus près de la vie et directement sous l’influence du violent amour de la jeune Tchandala. Ananda, profondément touché, ne peut répondre à cet amour qu’en suivant sa voie, la plus élevée, en désirant attirer la bien-aimée à lui, pour lui faire partager les délices de la félicité suprême. Son maître s’oppose à ses desseins, non pas brutalement, mais en déplorant une erreur, une impossibilité. Finalement, lorsque Ananda, navré, croit devoir abandonner tout espoir, Çakya, par la puissance de sa compassion et comme attiré par un nouvel et dernier problème, dont la solution a retardé son renoncement à la vie, se sent disposé à éprouver la jeune fille. Celle-ci vient trouver le maître. Avec des supplications, elle lui demande de permettre qu’Ananda l’épouse. Et il énumère les conditions : renoncement au monde, détachement de tous les liens de la nature. À ce dernier commandement, elle est enfin assez sincère pour s’évanouir, brisée. Arrive alors (t’en souviens-tu encore ?) la belle scène avec les Brahmanes, qui reprochent à Çakya-Mouni sa conduite à l’égard de la jeune fille comme une preuve

— 79 —