Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/12

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surtout une des confessions intimes les plus émouvantes que je connaisse.

Elles nous révèlent un drame d’amour très simple et combien mélancolique !

En 1852 Wagner rencontrait, dans la maison d’un de ses amis de Dresde, Mr et Mme Wesendonk qui, après trois ans de mariage, venaient de se fixer en 1851 à Zurich. Otto Wesendonk qui représentait en Allemagne une grande maison de soiries de New York était un homme d’affaires, intelligent et droit, ami des arts, riche et généreux. Sa femme Mathilde, toute jeune encore — elle n’avait que 24 ans, lors de sa première rencontre avec Wagner — paraît avoir été une créature d’élite, d’une rare distinction, d’un tact exquis et subtil, d’une intelligence largement ouverte, d’une sensibilité profonde et vibrante. Nouées par le hasard, les relations de Wagner avec les Wesendonk se font peu à peu plus intimes. Une solide et loyale amitié l’unit bientôt au mari. Et dans la jeune femme il trouve l’élève la plus docile, l’admiratrice la plus intelligente, la confidente la plus délicate. Il prend un plaisir toujours plus profond à pétrir et à façonner son esprit, à mettre l’empreinte de sa pensée sur la page blanche de cette âme neuve et fine. Il l’initie à son œuvre et à son art : il lui lit ses poèmes d’opéras, ses œuvres théoriques, il l’aide à pénétrer le sens intime des sonates ou des symphonies de

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