Page:Wagner - À Mathilde Wesendonk, t1, 1905, trad. Khnopff.djvu/162

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mon bien-être en comparaison de la longue durée de mes peines ! Mais tout cela, vous vous l’êtes déjà figuré et le savez. Pourquoi le dis-je ? Rien que parce que vous le savez ! J’ai besoin de beaucoup de bons souhaits — et je vous dis cela, parce que je sais que vos souhaits toujours m’accompagnent. —

Je veux continuer maintenant à me plaindre. — Mon logis est vaste, beau, mais terriblement froid. Je sais à présent que c’est seulement en Italie que j’ai connu le froid, non pas dans la villa Wesendonk, moins encore dans « l’Asile ». Jamais de la vie je n’ai eu autant de rapports personnels avec le poêle, qu’ici dans la belle Venise. Le plus souvent le temps est clair, le ciel sans nuages ; j’en suis heureux !

Mais il fait froid ici, quoique la température soit peut-être plus basse chez vous et en Allemagne. La gondole ne me sert plus que comme moyen de transport ordinaire, et non plus pour l’agrément, car on y gèle, à cause du vent du nord, cause principale de ce temps clair. Le plus pénible pour moi, c’est de ne pas pouvoir faire mes promenades par monts et par vaux : il ne me reste plus que la flânerie parmi le beau monde à la Piazzetta, le long du quai, dans la direction du Jardin public, trajet d’une demi-heure, à travers une foule toujours terriblement compacte. Venise est une merveille ; mais seulement une merveille. —

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